L’usine quimpéroise Doux Père Dodu comparaît devant le tribunal, jeudi. Le volailler est poursuivi pour tromperie sur des saucisses de poulet destinées à des cantines scolaires et des maisons de retraite.
Enquête
Végétarien s’abstenir. Il sera question de viande au tribunal correctionnel, jeudi. Plus précisément de « vraie » et de « fausse » viande.
À la barre, la SAS Doux Père Dodu de Quimper. Le volailler est poursuivi pour tromperie sur la nature de ses saucisses de poulet. À l’origine de cette procédure, une enquête des agents de la répression des fraudes sur les produits de l’usine quimpéroise à base de VSM ou « viande séparée mécaniquement ».
Quèsaco ? Une sorte de pâte obtenue, selon la réglementation, « par l’enlèvement de la viande des os couverts de chair, après le désossage des carcasses de volailles, à l’aide de moyens mécaniques entraînant la destruction de la structure fibreuse des muscles ».
Plus clairement, une fois désossées, les carcasses de volailles sont placées dans un appareil à haute pression pour obtenir « une viande très fine », qui ferait penser à des filasses de guimauve. Cette mixture, très lucrative, sert ensuite à confectionner les tranches de dinde ou de poulet, merguez et autres saucisses cocktail dont nous remplissons nos frigos.
Mais est-ce la viande ? Non, selon la commission européenne, qui, dans une directive de 2001, estime que la VSM « ne correspond pas à la perception de la viande par le consommateur et ne permet pas de l’informer de la nature réelle du produit désigné par le terme « viande ». » Elle a donc imposé que ces produits soient dûment étiquetés comme « poulet ou dinde séparés mécaniquement » pour ne pas tromper les consommateurs.
Étiquettes mensongères
Doux Père Dodu est passé outre. Et s’est fait épingler par la répression des fraudes. Du 1er janvier 2009 au 1er avril 2011, l’usine quimpéroise a vendu 1 282 colis de saucisses de poulet VSM… sans le mentionner nulle part. Au contraire, « les étiquettes indiquaient « viande en salaison » », détaille Bérengère Prud’homme, procureur adjointe au parquet de Quimper. Une partie de cette production était destinée à l’exportation. Une autre à des cantines scolaires et maisons de retraites. « Un problème, car la VSM est une substance qui a une qualité très inférieure sur le plan protéinique et nutritif », insiste la procureur.
Pour sa défense, Doux a indiqué aux agents de la répression des fraudes, qu’il s’agissait de « viande gros grain » (VGG), se rapprochant de la viande normale. Mais le parquet de Quimper ne l’entend pas de cette oreille : « C’est bien de la VSM et cela doit être mentionné sur les étiquettes. »
Contactée pour réagir, la société Doux Père Dodu, n’a pas répondu à notre demande. Le directeur de l’usine quimpéroise ne devrait pas être plus bavard devant le tribunal, jeudi. Ses avocats ont en effet demandé à convertir cette convocation devant le tribunal correctionnel en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une procédure alternative non publique, dans laquelle le procureur propose une peine au prévenu, dès lors que celui-ci plaide coupable. A priori, le parquet ne s’opposerait pas à cet aménagement. « Et puis, s’ils proposent une CRPC, c’est qu’ils reconnaissent les faits », constate Bérengère Prud’homme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire