mardi 1 novembre 2011

Incendie à La Réunion : L'Etat dépêche deux bombardiers d'eau

Vont-ils réussir à éteindre la colère des Réunionnais ? Alors que le feu qui ravage le Parc national de La Réunion depuis près d'une semaine semble avoir stoppé sa progression lundi, la polémique sur les moyens engagés par l'Etat pour lutter contre l'incendie a, elle, enflé. A tel point que le gouvernement à finalement décidé lundi soir l'envoi de deux avions bombardiers d'eau Dash.
Dans un communiqué publié vers 19h30, Claude Guéant, ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer, a précisé avoir pris cette décision "au vu des informations communiquées lundi soir sur l'amélioration de la situation et la prise de contrôle de l'incendie". Evoquant un engagement "massif" de l'Etat face à l'incendie qui a parcouru quelque 2700 hectares depuis le 25 octobre, qualifié de "désastre écologique" par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie, il a souligné qu'il s'agissait avec ces deux avions "d'accélérer l'extinction des feux et de commencer à traiter les secteurs difficiles à l'intérieur du périmètre incendie". Peu avant cette annonce, le préfet de l'île Michel Lalande avait assuré sur une chaîne locale que "la situation s'est améliorée". "L'enveloppe (surface globale, ndlr) du feu n'a pas crû depuis 48 heures. J'espère pouvoir dire à terme assez rapproché que le feu est circonscrit, et beaucoup plus tard que le feu est éteint", a-t-il déclaré.


Des avions "pas adaptés"
Pour autant, cette amorce de bonne nouvelle sur le terrain ne masque pas la colère et le désarroi des élus locaux face à l'absence de moyens dépêchés par l'Etat. Depuis ce week-end, socialistes, communistes et écologistes, auxquels se sont joints lundi quelques élus locaux de droite, ont fait enfler la polémique, dénonçant les moyens aériens notoirement "insuffisants" pour arroser les flammes, jugeant incompréhensible de ne pas solliciter le bombardier d'eau Dash-8 de la Sécurité civile. 11 maires et parlementaires réunionnais de tous bords ont d'ailleurs adressé lundi une lettre à Nicolas Sarkozy exigeant des "moyens de lutte aériens adaptés". En métropole, dimanche, les responsables d'Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly et Cécile Duflot, avaient dénoncé "la réaction dramatiquement insuffisante de l'Etat et des autorités locales", des propos qualifiés lundi par l'UMP d'"indécents" et à visée "électorale".

Toutefois, les responsables de l'Etat ont tenu à défendre leur point de vue, arguant du fait que les bombardiers d'eau n'étaient pas adaptés au type de feu qui fait rage sur l'ïle de l'Océan indien. Le terrain étant "très accidenté" il faut "des largages plus précis" et "les hélicoptères sont mieux adaptés", a ainsi justifié Nathalie Kosciusko-Morizet. Egalement interrogé sur le non déploiement du Dash-8, le préfet de la Réunion a réaffirmé sur Antenne Réunion qu'il n'était "pas adapté" à ce feu, s'appuyant sur "le retour d'expérience de l'an dernier", lors d'un précédent incendie qui avait détruit en octobre 2010 quelque 800 hectares du site. "Je suis un professionnel qui essaie de répondre à une crise, je ne rentre pas dans le calendrier électoral. Ce que nous avons à combattre est un feu d'humus, un feu souterrain", a-t-il dit, en expliquant que l'avion bombardier était inefficace pour ce genre d'incendie "qui se propage par les racines avec des résurgences à plusieurs centaines de mètres plus loin".

Penchard sur place mercredi
Dans la journée le préfet a par ailleurs souligné l'importance des moyens humains au sol, qui seront renforcés mardi matin par des nouveaux effectifs venus de métropole, le nombre total des pompiers déployés devant dépasser les 800. De son côté, la ministre de l'Outre-mer,
Marie Luce Penchard, viendra mercredi rendre hommage à leur travail et suivre l'évolution des opérations sur place. Mais la venue de la ministre sur place parviendra-t-elle à éteindre la colère des Réunionnais ? Pas sûr au vu des messages laissés sur les ondes locales ou les réseaux sociaux : "On se sent sous-Français, sous-équipés", écrit l'un d'eux sur le site Google+.

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