Fontvieille : il abat un jeune gitan au fusil de chasse

Atterrés. C'est bien le qualificatif qui convient pour évoquer la réaction des Fontvieillois, hier midi, qui venaient d'apprendre qu'un meurtre s'était déroulé dans leur paisible village, dimanche soir.
C'est au "Bar du Moulin", un petit établissement implanté en plein centre-ville, en face de l'église, que le drame se serait noué. "J'ai bien vu des gendarmes hier soir, confiait un passant, mais je pensais que c'était juste un contrôle d'identité." Pas du tout. D'après les premiers éléments de l'enquête d'abord menée par le commissariat de Tarascon, reprise hier par la police judiciaire de Marseille, tout serait parti dimanche d'une dispute puis d'une violente bagarre à l'intérieur du bar. Après avoir pris de nombreux coups, le barman se serait saisi de son fusil de chasse et aurait pris la direction d'un petit campement de gens du voyage, situé à quelques centaines de mètres de là, sur la commune de Tarascon. Vers 22 heures, il aurait alors abattu au fusil de chasse un jeune homme membre de cette communauté, âgé de 25 ans. Il a ensuite pris la fuite. Hier, les policiers n'avaient pas retrouvé sa trace.
Il était venu se réinsérer à Fontvieille il y a quelques mois
À Fontvieille comme à Tarascon, tout le monde connaît ce camp, sans histoire jusque-là, de gens du voyage, qui se sont implantés en bord de route, sur un terrain, depuis plusieurs années. Et à Fontvieille, beaucoup de monde connaît aussi Dominique, le gérant du Bar du Moulin, âgé d'une soixantaine d'années, qui serait donc l'auteur des coups de feu. Après avoir purgé une peine de vingt ans de réclusion, il était venu s'installer et tenter de se réinsérer à Fontvieile voici quelques mois. Il avait alors été hébergé par le père Claude Gay, aumônier de la prison de Tarascon, qui a conçu à Fontvieille l'association "Le Hangar", qui donne justement une chance à ces anciens prisonniers.
Hier midi, au presbytère, Enzo, qui connaît bien Dominique, n'en revenait pas. "C'est pas possible, ce que vous m'apprenez là, disait-il. Pour moi, Dominique, c'était quelqu'un de gentil, équilibré, qui était avec nous en fin d'année lors de la célébration d'un anniversaire. Je sais qu'il avait un passé de délinquant, mais il faisait tout son possible pour rompre avec cette ancienne vie. Vraiment, j'ai du mal à réaliser." Dans les commerces voisins du Bar du Moulin, où la nouvelle avait commencé à se propager en fin de matinée, même stupeur. En mairie, le premier magistrat Guy Frustié n'a pas tenu à commenter cette affaire.
Après les premières constatations menées par les policiers du commissariat de Tarascon, la police judiciaire de Marseille a été chargée de l'affaire par le parquet d'Aix-en-Provence, compétent en matière d'affaires criminelles. Elle concentrait ses efforts hier soir sur la poursuite du fuyard, considéré comme "dangereux", eu égard à son lourd passé judiciaire.
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