Hier, c’est dans la peau d’une prévenue que Marine Bastien (son nom de jeune fille) s’est retrouvée à la barre du tribunal correctionnel de Vesoul. Tout de noir vêtue, comme un avocat, la robe en moins.
Vingt-sept déménagements
Son parcours de vie est aussi délirant que son casier judiciaire est impressionnant. Car cette maman de quatre enfants, mariée deux fois et pacsée une fois, sévissait à travers la France depuis ses 20 ans et la prise du nom d’un tiers (délit qui lui a valu hier une peine de trois mois de prison ferme bien distincte). La suite ne sera qu’une succession de vols, de contrefaçons et falsifications de chèques, d’abus de confiance, de faux en écriture, d’usurpation… ; bref, d’escroquerie. Le juge Fernand Kato s’est résolu à ne pas entrer dans le détail des… 36 chefs d’accusation ; il a plutôt cherché à comprendre ce qui se passait dans la tête de ce « pigeon voyageur » au physique plutôt commun mais au casier relativement conséquent (12 condamnations entre 2004 et 2011). Elle se savait fautive ; elle a fui tant qu’elle pouvait : « Je ne me suis jamais présentée devant les tribunaux, je n’ai jamais répondu aux convocations… », reconnaît-elle, tout comme d’ailleurs la totalité de ce qu’on lui reproche. De quoi justifier en tout cas ses 27 déménagements en 9 ans !Marine dit avoir vécu une enfance normale. Et son père, présent à l’audience avec sa belle-mère, ne situe pas l’origine de cette spirale infernale. « Elle a besoin d’être soignée », ajoutera simplement le papa en cherchant le regard de sa fille. « J’ai toujours eu besoin de paraître autre chose que ce que j’étais », finira par considérer cette adepte d’un célèbre site de rencontres sur internet, sans profession en réalité, ni formation aboutie. Pas moins de 64 personnes, physiques et morales, se portent partie civile, dont le bâtonnier de l’ordre des avocats de Brest ou la clinique Saint-Vincent de Besançon. On en compte aussi à Nancy, Vichy, Belfort, en Alsace, en Haute-Saône… Les intérêts des victimes seront jugés lors d’une audience civile le 25 octobre. L’arnaque porte dans son ensemble sur près de 60.000 €.
M e Antoine Viennot, son avocat commis d’office, s’est trouvé bien démuni devant cette personnalité. À la limite de demander une expertise psychiatrique. À la voir écumer ainsi la France et « plumer » tout ce qui bouge, le patron du parquet de Haute-Saône, Jean-François Parietti, décèle surtout quelque chose de « professionnel », de « construit » dans le comportement de cette femme pour qui le juge a finalement préconisé des soins médicaux et psychiatriques. Le tribunal la condamne aussi à quatre ans de prison, pour moitié assortis du sursis. Avec la peine plancher, qui n’a pas été appliquée, elle en risquait dix. Mais, rattrapée par ses condamnations passées, elle n’est libérable qu’en 2017.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/03/l-escroc-se-disait-avocate
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