Elle n'avait pas étonné les chasseurs, habitués à cette cohabitation. Y compris en ville. Le mythe du vieux solitaire, roi des forêts, a du plomb dans l'aile. «On trouve de plus en plus de sangliers en zone urbanisée» résume Jean-Jacques Di Costanzo, vice-président de la fédération de chasse 31. Sa caméra infrarouge fixe vient de filmer, en plein Tournefeuille, laies et marcassins qui gambadent allègrement de nuit, le groin en éveil.
«On en trouve tout autour de Toulouse, à Launaguet, Saint-Jean, Fonsegrives…» confirme Maurice Saint-Cricq, président des louvetiers du département. Des hordes qui commettent de gros dégâts, dans les cultures, bien sûr, mais aussi dans des jardins de particuliers, des espaces verts, des terrains de foot. Dans l'agglo, des accessoires de piscine, des clôtures et même des cimetières ont subi des spectaculaires passages.
Sous l'égide du préfet
Le problème est tel que la préfecture autorise des battues administratives. Avec des résultats éloquents : 25 sangliers abattus sur le site de l'Onera, à Mauzac, 20 zone du Confluent (Pinsaguel, Portet, Lacroix-Falgarde…), 15 sur le site AZF, près de l'Oncopole, 10 à la limite Toulouse (chemin des étroits)-Vieille-Toulouse ... Maurice Saint-Cricq en a tué un, qu'il avait piégé au pied d'un immeuble, entre Rangueil et Ramonville.D'autres battues sont prévues, dont une sur l'aérodrome de Lasbordes, en bordure de rocade. «Ces chasses sont difficiles à organiser. Les sangliers s'habituent à l'homme, aux voitures. En zone urbaine, on ne peut pas les tirer n'importe où» souffle le louvetier. Les collisions sur la route sont fréquentes. En juin, trois gendarmes ont été blessés à Mondonville.
Trois portées en deux ans !
On dit chaud lapin, pas chaud sanglier. Mais le cochon prolifère aussi vite. «Le taux de reproduction peut atteindre 200 % par an. Née en mars, une femelle peut être en chaleur en octobre. Entre neuf mois et un an, elle peut mettre bas. Elle peut faire trois portées en deux ans, soit 15 à 21 marcassins ! Et ainsi de suite… Plus elle pèse, plus elle a de petits, jusqu'à huit. Un sanglier d'un an pèse 100 kilos» indique Henri Goizet, responsable des modules plan de chasse et dégâts, à la fédération.La plaine toulousaine est un sacré garde-manger. Du maïs un peu partout (certains vivent dans des parcelles de 40 hectares, à Labarthe-sur-Lèze ou Rieumes), des châtaignes ou des glands dans les forêts de Bouconne ou Buzet… Et comme les «pachydermes» se déplacent beaucoup (50 km par nuit), le danger et les dégâts se multiplient. Au-delà de la régulation du cheptel, les chasseurs ont dû initier un lourd dispositif pour atténuer les dommages. Même s'ils avouent «avoir du mal à appréhender une espèce ingérable».
http://www.ladepeche.fr/article/2013/02/08/1556140-les-sangliers-envahissent-la-metropole-toulousaine.html
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