mercredi 6 février 2013

Une octogénaire cible d’une arnaque téléphonique

Elle a failli tomber dans le piège, elle, pourtant, qui «n’est pas gâteuse». «Je m’en veux de m’être fait gruger». Depuis ce jour où un escroc l’a menée par le bout du nez, Janine, 85 ans (1) ne cesse de se morigéner et de penser à tous ceux qui pourraient être victimes de la même arnaque téléphonique. Alors, elle a choisi de raconter mais en préservant son identité. La peur encore.
«C’était le 27 janvier. Un lundi matin. Je reçois un appel d’un Michel Lambert du centre des Impôts. Il m’appelle par mon nom et me dit que je suis en infraction sur ma déclaration de revenus et que je dois de l’argent». Il lui donne même un numéro de téléphone pour le contacter. Janine est bluffée par cette voix. Très poli, l’homme s’exprime avec assurance et une très bonne élocution. Il la noie sous un flot de paroles, lui soutire des informations sans qu’elle en ait conscience puis lui confie qu’il l’informe «dans la plus grande confidentialité».
Si elle ne règle pas dans les quatre heures, la somme de 4800 euros, elle devra payer une amende de 19600 euros. Janine est veuve. Elle a beau avoir été chef d’entreprise, être dynamique, elle panique. Elle reçoit l’ordre de se taire et d’envoyer un mandat cash via Western Union à une femme en Israël. Elle s’en étonne et questionne l’homme qui lui répond que la destinataire est une fonctionnaire des impôts en déplacement et qu’elle a «son dossier».
En pleurs, l’octogénaire appelle sa fille pour qu’elle la conduise à la banque au plus vite. L’agence étant fermée, mère et fille filent à la Poste. «Je n’avais que cette idée en tête : il fallait payer». En la voyant la mine défaite, le guichetier a de gros doutes. «Il a mis fermement sa main sur le mandat et m’a dit que c’était une arnaque.»
Bouleversée, Janine rentre chez elle. Sa fille rappelle le fameux numéro donné le matin. Au bout du fil, un message plus vrai que nature indiquant qu’on est à la direction générale des Impôts. Un message bidon, soupire-t-elle.
A 18 heures, le téléphone sonne à nouveau. Janine a «la frousse» mais décroche. Un homme s’annonçant comme un employé de la banque de l’octogénaire et donnant même le nom de la rue s’étonne de ne pas avoir vu de versement. Est-ce le même escroc ?
Le lendemain, sa fille dépose plainte au commissariat. Janine, assommée par cette intrusion téléphonique, est incapable de bouger : «Je ressentais une immense fatigue, j’en ai perdu l’appétit et le sommeil».
Six jours après, quand nous l’avons rencontrée, le choc s’était dissipé mais les questions, non. Et cette désagréable impression d’avoir été conditionnée à distance, d’avoir perdu pied l’effraie. «Si j’avais été seule, j’aurais vidé mon compte et payé ces 4800 euros».
(1) Prénom modifié.
http://www.leprogres.fr/rhone/2013/02/06/une-octogenaire-cible-d-une-arnaque-telephonique-xbza

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