Depuis que son chien, Crevard, a été pris en charge par la brigade animalière de la police municipale de La Rochelle en vue de déterminer son comportement et sa dangerosité, Béa est « sonnée ». Âgée de 28 ans, originaire de Perpignan, dernière d’une fratrie de 13 enfants, elle est sans domicile fixe depuis cinq ans à La Rochelle.
Une vie dans la rue et dans un squat, une existence consécutive à double rupture : professionnelle via l’interruption par manque d’argent d’une formation de monitrice équestre, et affective avec le placement de ses deux enfants âgés de 4 et 5 ans en famille d’accueil. Sans son chien, la jeune femme, qui a aussi connu les familles d’accueil et les foyers, donne le sentiment de repartir au fond.
Béa ne conteste pas que Crevard, « un bâtard d’un an et demi, un chien qui ne fait pas partie des catégories 1 ou 2 » (celles des chiens dits dangereux) (1), est responsable de la mort, samedi soir dernier de Tipsy, le chien jack russel de Philippe Simon (notre édition du 3 avril).
Mais la jeune femme donne une version différente de celle du propriétaire du jack russel. « Dans le parc, j’étais avec mon ex et mes trois chiens : Ignorance, qui a 4 ans et ses deux fils Crevard et Carnage. C’est vrai qu’ils n’étaient pas attachés mais nous étions dans un parc. Le monsieur est arrivé avec son chien détaché (2) qui fonce sur Crevard. Les deux chiens aboient. J’ai rappelé mon chien, il est revenu mais le jack russel a continué et a mordu Crevard à une patte avant ». À partir de ce moment, la scène , jeu ou confrontation, dégénère. « Crevard se retourne et saisit Tipsy derrière la tête. Mes deux autres chiens sont arrivés mais n’ont pas mordu. Moi, j’ai tout fait pour que mon chien lâche le sien ».
L’acte suivant est celui au cours duquel Philippe Simon appelle la police. « Il a paniqué, je le comprends tout à fait. S’il n’avait pas appelé la police, j’aurais fait les premiers soins à son chien », affirme Béa. Préférant ne pas se retrouver en contact avec les forces de l’ordre, elle et son compagnon ont quitté le square avec les trois chiens. Mardi, la jeune femme, qui a renoncé à partir de La Rochelle, présentait ses trois chiens à la brigade animalière. Crevard était pris en charge. Hier, Béa n’imaginait pas que son animal puisse être euthanasié. « J’ai confiance en mon chien. C’est un amour, c’est mon bébé. C’est tout pour moi. »
(1) Respectivement la catégorie des chiens d’attaque et celle des chiens de garde et de défense, tous soumis à une réglementation spécifique, dont le port de la muselière.
http://www.sudouest.fr/2013/04/05/mon-chien-c-est-tout-pour-moi-1015314-1391.php
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