jeudi 16 juin 2011

Affaire Ferry : le témoignage d'un ancien membre du Conseil d'analyse de la société

Bruno Belin est un élu de terrain, vice-président du conseil général de la Vienne, maire d'une petite commune de 700 habitants, issu, dit-il, de "la France d'en bas" chère à Jean-Pierre Raffarin. D'ailleurs, c'est ce dernier qui l'a nommé en 2004 au Conseil d'analyse de la société (CAS) qui défraie aujourd'hui la chronique. Luc Ferry est président délégué de ce conseil de trente-deux personnalités nommées par le Premier ministre. En tant que tel, il est rémunéré : une indemnité de 1 700 euros brut qui vient compléter son traitement de professeur de première classe à l'université dont il est détaché, soit 4 500 euros net.
Ce n'était pas le cas de Bruno Belin : les membres "ordinaires" du Conseil sont bénévoles. "Je venais de la Vienne, raconte-t-il. Je n'ai jamais touché un centime. Aucuns frais n'étaient remboursés, pas même un ticket de métro."
Passionnant

Pour Bruno Belin, il s'agissait d'un "vrai travail" sans l'ombre d'un doute. "En septembre, le Premier ministre suggérait deux ou trois thèmes. Nous en choisissions un, sauf en ce qui concerne le service civique, seule commande ferme qu'on nous ait faite. Une fois par mois, le Conseil se réunissait à déjeuner au cercle interallié et entendait de grands témoins, Laurence Parisot, Hubert Védrine, Michel Rocard... C'était passionnant. Au fil des rencontres, un ou deux membres, se montrant plus particulièrement intéressés, étaient chargés de rédiger le rapport final. Par exemple, celui sur le service civique a été rédigé par l'amiral Béreau, ça a été un vrai travail, je peux vous le dire. Finalement, en 2009, François Fillon m'a proposé de renouveler mon mandat, mais j'ai refusé. J'ai mon activité d'élu. En outre, j'ai toujours souhaité conserver mon travail : je suis aussi pharmacien en officine. J'ai donc préféré mettre fin à ma mission au CAS."
Difficile à concilier avec une double activité en province, cette mission est-elle compatible avec la charge d'enseignement de 192 heures annuelles qui pèse sur un professeur d'université à Paris ? Dans ce débat qui agite les gazettes, Bruno Belin refuse de trancher : "Luc Ferry est un homme très brillant, un ancien ministre, moi, un élu de rien du tout, un petit pharmacien, ce n'est pas comparable : on ne joue pas dans la même cour ! Surtout, je veux dire ici que Luc Ferry est un honnête homme, qui a pris ce travail très à coeur, et j'estime qu'il n'y a pas lieu de polémiquer."
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/marie-sandrine-sgherri/affaire-ferry-le-temoignage-d-un-ancien-membre-du-conseil-d-analyse-de-la-societe-15-06-2011-1342232_301.php

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