"Non coupable". Vérité ? Stratégie ? Extrapolation ? Quoi qu'il en soit, cette formule se drape des premiers détails d'un axe de défense : "Il va apparaître clairement qu'il n'y a pas d'élément fort montrant qu'il y a eu une agression ou un acte forcé dans cette affaire", a déclaré l'avocat de DSK Benjamin Brafman devant les médias qui l'accueillaient à la sortie de l'audience du 6 juin.
La défense serait-elle en possession de pièces laissant planer le doute telles que des photos ne montrant aucune trace de violence ? A-t-elle dans sa besace le témoignage d'un employé de l'hôtel affirmant que la jeune femme n'exprimait aucune émotion après être sortie de la chambre ? "Les avocats travaillent l'opinion publique car, à ce stade, la seule ligne de défense possible est de dire qu'il y a eu un rapport consenti", explique Pierre Hourcade, avocat aux barreaux de Paris et de New York.
Un doute et un juré suffisent
Il suffit d'un seul doute et d'un seul juré pour démolir l'accusation. Et c'est au procureur que revient la lourde tâche de bâtir une thèse invincible. "C'est à lui de démontrer, sans aucun doute raisonnable, qu'il n'y avait pas de consentement à la relation, rappelle Ron Soffer, avocat aux barreaux de Paris et de New York. Les avocats de DSK n'ont rien à prouver, ils doivent se borner à décrédibiliser le seul témoignage que l'on ait dans ce dossier sur ce qui s'est passé au moment des faits le 14 mai dernier, à savoir celui de la plaignante. S'ils détectent le moindre mensonge, DSK pourrait être acquitté."
Une défense basée sur le consentement de la plaignante doit néanmoins être crédible. "En matière de viol, il est de bonne guerre de dire que la plaignante a des moeurs discutables ("promiscuous"). Mais cela est dangereux si elle apparaît de bonne foi aux yeux des jurés", nuance Me Hourcade. Et si elle craquait ? "Si elle s'emmêle les pinceaux au procès, la défense en profitera ; c'est la raison pour laquelle toute sa stratégie est de faire ce travail de sape psychologique en amont", décrypte l'avocat.
Recherche femme dans l'équipe de défense de DSK...
Une telle ligne de défense risque de porter le débat sur le terrain intime, en mesurant la force physique des deux protagonistes, mais aussi en entrant dans les détails de la vie sexuelle de la jeune femme. Le procès des deux policiers new-yorkais accusés de viol et finalement acquittés le 26 mai en livre une riche illustration. C'est à un véritable questionnaire de sexualité que s'est livrée la plaignante, et ce, malgré la législation new-yorkaise sur le viol qui protège la vie privée des femmes.
"La stratégie peut néanmoins s'avérer dangereuse", prévient Me Hourcade, qui s'étonne : "Il est surprenant que l'équipe de défense de DSK ne compte pas une femme, et pourquoi pas une Afro-Américaine d'une quarantaine d'années qui prendrait en charge l'interrogatoire de Mme Diallo lors du procès." http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/relation-consentie-de-dsk-il-suffit-d-un-doute-07-06-2011-1339294_56.php
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