Une économie de temps et de moyens, assortie d'un bénéfice d'un milliard d'euros pour l'Etat : c'est ce que permettrait la légalisation du cannabis, selon l'économiste Pierre Kopp. Professeur à l'université Panthéon-Sorbonne, il détaille les résultats de son étude sur l'impact d'une éventuelle légalisation dans un entretien paru ce mardi dans Le Monde.
Pour évaluer l'impact du coût de l'usage du cannabis pour la collectivité, Pierre Kopp affirme prendre en compte notamment les conséquences pour les finances publiques, des dépenses de répression, les profits des réseaux criminels...Selon lui, avec une légalisation, on pourrait épargner 300 millions d'euros de dépenses dues aux interpellations d'environ 80.000 personnes, et même davantage car il faudrait ajouter les dépenses dues aux gardes à vue, au fonctionnement des tribunaux et à l'exécution des peines. Cela permettrait d'encaisser une taxe approximativement égale à 1 milliard d'euros. "Au final, du temps et des moyens pourraient être réalloués à la prévention et à la lutte contre le trafic des autres drogues", estime-t-il.
La légalisation divise les politiques
Pierre Kopp compare aussi le coût de la politique de lutte contre le cannabis à celui d'une éventuelle autorisation. "Légaliser ne conduirait pas à une explosion de la consommation si la taxe fixée par l'Etat permettait de maintenir le prix actuel (environ 5,50 euros le gramme). Le prix est la variable essentielle: s'il était trop élevé, cela susciterait du trafic. S'il était trop bas, la consommation pourrait se développer. Il devrait en fait être un peu plus élevé qu'aujourd'hui pour compenser la disparition du risque que comporte l'achat (vol par le dealer, interpellation par la police, etc.)", estime l'économiste.
Cette étude relance le débat sur la légalisation, qui divise la classe politique française. L'ancien ministre PS de l'Intérieur Daniel Vaillant, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot, ou le maire EELV de Sevran, Stéphane Gatignon, y sont favorables. A l'instar des membres du gouvernement, le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement et Hervé Morin, président du Nouveau Centre, se sont, eux, déclarés hostiles à cette dépénalisation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire