mercredi 6 février 2013

Tribunal de Bordeaux : "Je suis un play-boy, madame la présidente"

Plusieurs dizaines de policiers étaient présents hier matin à l'arrivée des sept prévenus jugés devant la Juridiction interrégionale spécialisée pour blanchiment d'argent de la drogue. Parce que de nombreux faisceaux graves et concordants font penser que ces prévenus appartiennent à un réseau international de trafic de cocaïne. C'est en tout cas ce qu'il ressort de l'information judiciaire conduite par le juge Jean-Michel Gentil et qui place un Libanais de 48 ans, Yehia Kleilat Delbi, au cœur de ce dispositif criminel.
Mais hier, longuement auditionné par Marie-Élisabeth Bancal, il a joué les innocents : « Je suis un play-boy, madame la présidente, il m'arrive de m'amuser », a t-il répondu, avec un vague sourire, à la présidente qui le questionnait sur une écoute téléphonique où il expliquait à son interlocuteur qu'il dépensait « 3 000 à 4 000 euros par jour ».

Il connaît Mohamed Talal Dwedari Barakat, son ami syrien, dont l'interpellation par la Douane sur la rocade bordelaise le 16 mars 2010 est à l'origine de l'enquête qui a conduit à ce procès. Mais il ne sait rien des 810 050 euros trouvés dans un sac de sport dans la voiture de Dwedari. De nombreuses autres sommes d'argents sont apparues au fil de cette longue et complexe procédure conduite par le juge Gentil. Notamment une somme de plus d'un million d'euros, toujours bloquée en Espagne.
Pour justifier ses ressources, Yehia Kleilat Delbi, qui bénéfice de la présomption d'innocence comme l'ensemble des autres prévenus, évoque un commerce de 4X4 japonais à partir du Koweït d'où il tirait des commissions de 10 000 euros par véhicule mais aussi une mission de conseil auprès du gouvernement du Liberia de Charles Taylor, qui lui aurait permis d'obtenir un passeport diplomatique. « Je ne peux pas vous parler du travail que j'ai accompli pour le Liberia sans avoir l'autorisation du gouvernement libérien », répondait-il tranquillement à Marie-Élisabeth Bancal qui souhaitait qu'il s'explique sur ses revenus.
Parfois Kleilat ne comprenait pas les questions posées et traduites en arabe par une interprète. Surtout quand les questions étaient précises. Il lui arrivait aussi de répondre à côté de la question et de mettre alors en doute la traduction qui lui avait été faite. Il s'est entouré de deux avocats, Me Henri Boerner et Me Ghalima Blal-Zenasni, mais il a visiblement choisi d'assurer lui-même une grande partie de sa défense. Le procès continue jusqu'au 12 février.

http://www.sudouest.fr/2013/02/06/je-suis-un-play-boy-madame-la-presidente-957608-2780.php

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