« On a une image de voleurs de poules », voici le cliché qui agace le pasteur Jean, appartenant aux gens du voyage. « Regardez-nous, nous sommes des gens propres ! Nous sommes des baptisés (évangélistes). Baptême signifie immergé. » Ces derniers se distinguent donc des Roms, Manouche, Yéniche, Sintés, etc. « Nous sommes protestants, et nous appartenons au mouvement Vie et lumière. Ah excusez-moi, j’ai un appel… La police nous barre l’accès au terrain de foot. »
L’interview s’arrête et le pasteur se rend sur place. Là, quatre policiers ont fermé la barrière et placé leur voiture banalisée contre cette dernière. Du côté des gens du voyage, le ton monte.
Ils ne peuvent ni sortir ni entrer. L’un n’hésite pas à lancer, « ici, même les chiens sont mieux traités que nous ». Après quelques minutes, les forces de l’ordre enlèvent leur voiture. Le calme revient, l’interview peut reprendre.
Quid du nombre de plus en plus important de gens du voyage s’installant dans l’Ain ? « Au mois de mai, nous avons une retraite spirituelle à Gien. Tous les ans, on se retire là-bas. Puis au mois d’août, il y a la convention annuelle. C’est le ministère de l’Intérieur qui nous choisit les terrains. Bien souvent, ce sont des terrains militaires. Au départ, nous avions eu une proposition entre Colmar et Mulhouse mais elle a été refusée. Finalement, ce sera au centre de la France. C’est pour cette raison que nous sommes une centaine de groupes à tourner dans la région, afin de ne pas trop nous éloigner de la convention qui va regrouper de 25 000 à 30 000 personnes. »
Concernant l’occupation du terrain communal, ils l’expliquent, « il y a une loi qui a été votée (loi du 5 juillet 2010). Ici, il n’y pas d’aire de grand passage avec trois à quatre hectares de terrain, des points d’eau, d’électricité, etc.. Sur 80 % du territoire, il n’y pas d’aire de grand passage. »
Quant au directeur du cabinet de la Ville de Bourg, Jean-Pierre Faivre, il s’insurge : « La Ville de Bourg subit systématiquement des implantations illégales. Concernant les aires d’accueil, l’agglomération est conforme. L’aire de grand passage est prévue à Viriat, mais pour l’instant, elle n’existe pas. Là, les gens du voyage sont sur un terrain communal, nous avons déposé plainte. De plus, ils se sont branchés sur une borne incendie. »
Le sous-préfet de l’Ain, Emmanuel Dupuis, tempère : « À partir de 40 caravanes, il faut négocier. Une aire de grand passage doit être créée à Viriat ainsi qu’une moyenne à Saint-Denis. On a espoir que cela se construise en 2012. Pour l’instant, il faut éviter que le trouble à l’ordre public soit plus important qu’il ne l’est. »
Au jeu du chat et de la souris, les gens du voyage ont une légère avance. Le temps que l’arrêté d’expulsion soit prononcé, ils seront déjà sur les routes…
http://www.leprogres.fr/ain/2011/07/16/gens-du-voyage-pourquoi-leurs-passages-sont-ils-recurrents
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