jeudi 15 septembre 2011

Paludisme : un vaccin qui suscite l'espoir

Malgré les progrès réalisés pour le combattre ces dernières années, le paludisme reste aujourd'hui encore une maladie dévastatrice. Il fait entre 1 et 3 millions de morts chaque année, selon l'OMS - notamment en Afrique subsaharienne. On estime qu'un enfant en meurt toutes les 30 secondes. Mais les premiers résultats d'un essai clinique mené par une équipe internationale sous la direction de Pierre Druilhe, médecin biologiste à l'Institut Pasteur de Paris, et publiés mercredi aux Etats-Unis, donnent l'espoir que le fléau pourrait un jour être vaincu : un vaccin antipaludéen a donné des résultats prometteurs chez des enfants au Burkina Faso
"Les résultats de cette étude préliminaire (phase 1) au Burkina Faso sont très encourageants", estime le Dr Louis Miller, ancien responsable du développement de vaccins contre le paludisme aux Instituts nationaux américains de la santé. Des études cliniques plus étendues doivent être menées pour confirmer l'efficacité de ce vaccin candidat MSP3. Les premiers résultats ont montré un effet protecteur significatif contre le paludisme durant la période de suivi. Surtout, les chercheurs ont procédé à rebours de ce qui s'était fait lors de précédentes recherches, en s'inspirant directement de la manière dont certains adultes africains ont pu naturellement développer des anticorps contre le paludisme. Avec, à la clé, une protection qui pourrait être bien plus efficace. "J'ai toujours pensé que cette approche avait un grand potentiel dans un domaine qui a connu peu de succès", explique le Dr Louis Miller.

Un vaccin bien moins onéreux que celui de GSK ?

Jusqu'à présent, le seul vaccin faisant l'objet d'un essai clinique de phase 3 - dernière étape avant la mise sur le marché - et qui pourrait être disponible dès 2015 est en cours de test dans sept pays d'Afrique. Les premiers résultats sont attendus en 2012. Il s'agit du vaccin RTS,S du laboratoire britannique GlaxoSmithKline. Les résultats de la phase II des essais de ce vaccin, publiés en 2008, ont montré une efficacité de 53% chez les jeunes enfants et de 65% chez les nourrissons.

Mais les résultats observés lors des essais de ce nouveau vaccin semblent plus significatifs - et surtout, le vaccin s'annonce bien moins onéreux à produire, un fait qui pourrait être crucial alors que l'argent est souvent la première barrière empêchant l'accès aux soins dans les zones les plus touchées par le paludisme. Cet essai clinique, dont les résultats sont publiés dans le New England Journal of Medicine daté du 15 septembre, a été mené sur 45 enfants âgés de 12 à 24 mois répartis en trois groupes. Le premier a reçu une dose de 15 microgrammes du vaccin MSP3, le second, une dose de 30 microgrammes et le groupe témoin un vaccin contre l'hépatite B. Et chez les enfants traités avec ce nouveau vaccin, la fréquence du paludisme a été de trois à quatre fois moindre que chez ceux qui ont reçu le vaccin contre l'hépatite B. Fait important, les médecins qui ont mené cet essai clinique ont constaté dans les deux groupes vaccinés avec des doses distinctes une similitude tant dans les anticorps créés par leur organisme que dans la protection observée.

L'extrême difficulté à mettre au point un vaccin suffisamment efficace s'explique par les conditions dans lesquelles se propage la maladie : elle est provoquée par le parasite Plasmodium falciparum, transmis par la femelle d'un moustique. Or ce parasite variable est beaucoup plus complexe que des virus comme ceux de la rougeole ou de la poliomyélite. Cette découverte est venue s'ajouter à des observations chez des primates et surtout chez l'homme depuis vingt ans, confirmant le rôle clé de MSP3 dans le paludisme.

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