samedi 21 avril 2012

Ils fabriquent des faux billets pour payer le découvert

Pour renflouer le compte familial, ils ont décidé tout simplement de frapper de la monnaie. Ils ont été condamnés à 16 mois de prison ferme pour l’un et 8 mois ferme pour l’autre.

MARTIAL DEMAGNY, 46 ans, et son beau-fils, Christopher Quint, 18 ans, risquaient chacun 30 ans de réclusion criminelle pour avoir fabriqué de la fausse monnaie. « Nous n'avons pas à faire à une criminalité organisée. » Le procureur Damien Savarzeix, qui n'a retenu que la détention et la mise en circulation de fausse monnaie, s'est cependant bien gardé de minimiser les faits. « On est très loin du vol chez Auchan », ironise-t-il.
Le beau-père, auto entrepreneur, a dû mal à joindre les deux bouts. Il ne sait pas comment rembourser le crédit de son camion qui lui permet de travailler.


Fabrication artisanale
L'idée va faire son chemin lorsqu'il a, par hasard, entre ses mains de faux billets de banque. Il se rend compte que c'est assez facile de les écouler.
Pour la technique, c'est le beau-fils qui s'y colle. Il photocopie un vrai billet de 50 euros sur une machine tout à fait ordinaire. Il va devoir s'y prendre à plusieurs fois, de multiples réglages pour imprimer recto/verso, pour jouer sur les couleurs d'impression afin de coller au mieux avec l'original. Des faux billets imprimés sur du papier A 4 ordinaire.
« Pour du travail artisanal, c'est tout de même pas mal imité, assure le procureur. Ensuite, vous menez une réflexion sur la meilleure manière d'écouler ces faux billets. » Le jeune se présente, lundi, à un guichet de la banque postale, place de la Basilique à Saint-Quentin. Un faux billet au milieu d'autres, qui eux, sont vrais. L'employé ne fait pas attention. La même journée, un autre faux billet est accepté dans un supermarché.
Engaillardis par ce premier coup d'essai fructueux, le duo de faussaires impriment d'autres faux billets. Au total, il y en aura dix-neuf : un seul de 20 euros, les autres sont des répliques de 50 euros. Le lendemain, il retourne à la même banque, choisit le même guichet, le même employé. Il est arrêté. « Entre-deux, la banque s'est bien évidemment rendu compte de la supercherie, explique une enquêtrice de la police judiciaire. Lorsque l'employé voit le jeune homme qui se présente à nouveau, iI a un doute, vérifie minutieusement chaque billet de banque contenu dans la liasse que ce client lui présente et se rend compte que certains sont faux et nous appelle. »


Christophe Quint ressort menotté de la banque postale. Ramené au commissariat, il est placé en garde à vue. Il nie, joue l'étonnement le plus total. Il dit qu'il travaille avec son beau-père et que c'est l'argent de l'entreprise qu'il déposait. Martial Demagny est à son tour placé en garde à vue. Lui aussi dit ne pas comprendre. Cet argent provient d'un commerçant ternois. Une version ubuesque qui ne tiendra pas longtemps. « Nous avons tout de même placé en garde à vue ce commerçant et perquisitionné son domicile et sa boutique », poursuit l'enquêtrice. C'est la raison pour laquelle celui-ci s'est porté partie civile. « Au-delà de la mauvaise image que cela me fait si l'on a vu débarquer les policiers à mon commerce, j'ai en plus loupé mes vacances au ski. »


« Ce sont des pieds nickelés. Ils n'avaient pas conscience de la gravité de leurs actes », a plaidé pour leur défenseur, Me Pascale Bonnard.
Le tribunal correctionnel de Saint-Quentin a suivi les réquisitions et a condamné Martial Demagny à trois ans de prison dont 18 mois de sursis avec l'obligation de travailler et d'indemniser la victime et Christopher Quint à deux ans d'emprisonnement dont 16 mois avec sursis.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/ils-fabriquent-des-faux-billets-pour-payer-le-decouvert

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