samedi 30 juin 2012

L’escroc de la rue des Draps d’Or collectait des fonds jusqu’à Epernay

Un Marnais de 62 ans est soupçonné d’avoir escroqué une quarantaine de personnes à travers toute la France pour un préjudice estimé à plus de quatre millions d’euros. Gérard Prévost proposait des placements financiers à des taux mirobolants via sa société d’investissements, basée près de Nantes. Des gens d’Épernay et des environs comptent parmi les victimes de ce « petit Madoff ».

Ca ne s’invente pas. Il avait domicilié sa société spécialisée dans les placements financiers rue des Draps d’Or à Vertou, une petite ville de la banlieue chic de Nantes en Loire-Atlantique. Un nom prédestiné pour celui qui se prétendait orfèvre en matière de gestion de patrimoine. Pendant une vingtaine d’années, il a d’ailleurs attiré à lui une petite fortune qui vaut son pesant d’or. Plus de quatre millions d’euros collectés à travers la France auprès d’une quarantaine de personnes. Des gens qui peuvent dire aujourd’hui adieu à leurs économies sacrifiées sur l’autel d’une arnaque pyramidale à « la Madoff ».
Celui qui est au cœur de cette monumentale escroquerie est un Marnais de 62 ans, originaire d’Aÿ. Gérard Prévost ne s’est pas improvisé conseiller en gestion de patrimoine du jour au lendemain. Il a véritablement fait carrière dans cette profession par le passé. Il en connaît donc les termes, les ficelles et les spécificités. Bref, il sait de quoi il parle. L’employé modèle dérape au début des années 90. Il a la quarantaine et, semble-t-il, est en proie à des problèmes personnels. La vie d’un fils handicapé, installé à Toulouse, et d’une épouse, établie loin de lui à Lyon, lui coûte cher.

« Un passage à vide »

« Il explique qu’il a eu un passage à vide et qu’il avait besoin de se refaire une santé financière », indique le lieutenant-colonel Nicolas Duvinage, patron de la compagnie de gendarmerie de Rezé. Alors Gérard Prévost se constitue petit à petit sa propre clientèle grâce à ses relations professionnelles et amicales. Il s’adresse même à des membres de sa famille et des amis restés sur le secteur d’Épernay.
Le principe est simple. Il collecte leurs économies, promettant en retour de confortables rendements. « Des taux d’intérêt d’environ 10 % donc bien au-dessus de ceux du marché », précise l’officier de gendarmerie. Et ce ne sont pas que des paroles en l’air. Car Gérard Prévost leur remet un contrat plus vrai que nature où figurent les noms de grands produits financiers connus. Et puis les versements se font toujours par chèques. Jamais de liquide ou de virements bancaires qui pourraient prêter le flanc aux soupçons. L’Agéen a un dernier atout dans sa manche. La première mise est prometteuse puisqu’il restitue le capital et paie les intérêts.

« Les chèques falsifiés à 90 % »

En décembre 2000, il crée donc sa propre société, rue des Draps d’Or à Vertou. Alliance Investissements est florissante. L’aigrefin étoffe son carnet au fil des rencontres. Y compris dans le cadre privé avec les personnes qu’ils côtoient à travers une association sportive pour enfants handicapés, par exemple. Le système qu’il a mis en place le condamne à dénicher toujours plus de « clients ». Car on l’a compris, l’argent des uns sert parfois à rembourser les autres. Surtout, Gérard Prévost puise sans compter dans le magot. « Les chèques étaient falsifiés à 90 % et l’argent versé sur ses comptes », précise le lieutenant-colonel Duvinage. Le reste est placé dans des produits d’assurance.
Placé en garde à vue dans les premiers jours de juin, Gérard Prévost passe aux aveux concernant les onze victimes déjà connues des militaires. Le préjudice se monte pour eux à deux millions d’euros avec des versements compris entre 30 000 et 300 000 euros. Le gestionnaire véreux admet avoir utilisé 900 000 euros pour ses dépenses. Le reste de l’argent a servi à rembourser certains clients. « Il s’est montré très coopératif », poursuit l’officier. Les documents saisis par les enquêteurs n’ont pas encore été exploités en détail. Mais ils permettent d’établir qu’une quarantaine de personnes ont été flouées en 20 ans avec un préjudice supérieur à quatre millions d’euros.

Libéré sous caution

Les deux premières plaintes ont été déposées fin 2011 par des victimes domiciliées dans le Var et dans la Marne. D’autres ont suivi dans les Bouches-du-Rhône et le Val-d’Oise. Incapable de les rembourser, Gérard Prévost a été rattrapé par le système de cavalerie qu’il a mis en place. Il est même ruiné puisque la vente de son coquet pavillon de 150 mètres carrés et de sa voiture n’a pas suffi à éponger ses dettes.
Aujourd’hui mis en examen pour abus de confiance, falsification de chèques, faux et usage de faux, il a été placé sous contrôle judiciaire moyennant le versement d’une caution de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ironie du sort, l’escroc de la rue des Draps d’Or ne peut même pas se vanter d’avoir « pété dans la soie » avec les millions d’euros qu’il a empochés. Car les gendarmes de la compagnie de Rezé n’ont pas trouvé l’ombre d’une dépense laissant supposer qu’il a mené grand train


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/l%E2%80%99escroc-de-la-rue-des-draps-d%E2%80%99or-collectait-des-fonds-jusqu%E2%80%99a-epernay

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