Pourtant, il y avait déjà eu des chutes dans le passé. Et l’inspection du travail a envoyé plusieurs courriers au patron de l’entreprise. Pire, le beau-frère du prévenu, un an après les faits, a lui aussi chuté d’un toit, également parce que les règles de sécurité n’avaient pas été respectées. « Ce jour-là, il avait bu. Ce n’est pas bien de se rendre sur un chantier en état d’ivresse », explique le prévenu. « Et se trouver à 7 m de hauteur sans harnais, c’est bien ? », rétorque le juge Grégoire.
« On est revenu 150 ans en arrière ! »
Le jour du drame, la victime voulait en fait enlever des plaques sur le toit, pour pouvoir atteindre la charpente. « Cela devait être fait par une entreprise spécialisée car les plaques contenaient de l’amiante », souligne le juge.Pour le prévenu, il était difficile d’exiger à des membres de sa famille de respecter les consignes de sécurité. « Il faut que vous compreniez qu’avant d’être votre frère ou votre beau-frère, ce sont des ouvriers sous votre responsabilité », lance le président.
Le procureur Yves Le clair est effaré. « On se croirait revenu 150 ans en arrière ! Si on a progressé point de vue qualité du matériel, certaines mentalités n’ont visiblement pas évolué… » Avant de requérir 1 an de prison avec sursis et mise à l’épreuve et 10.000 € d’amende en insistant sur l’état de la victime : « Sa vie est foutue ! »
C’est aussi le point de vue de la partie civile, représentée par Me Démarés : « Il a perdu le goût, l’odorat. Il n’est pas en fauteuil roulant mais marche difficilement avec des cannes. » Avant de parler de l’épouse de la victime et de ses enfants : « Ma cliente a 37 ans. La vie est devenue insupportable aux côtés de son mari car il est très irritable. S’il était décédé, ça n’aurait pas été pire… »
Il demande 15.000€ de préjudice pour chacun des quatre enfants du couple et 56.000 € pour l’épouse de la victime. Pour la défense, les faits sont constitués. Mais Me Perceval rappelle que l’infraction est « involontaire ». Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du procureur en condamnant Patrick Papillier à quatre mois de prison ferme et six avec sursis et mise à l’épreuve. Et 5.000 € d’amende.
http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2012/07/04/sa-vie-est-foutue
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