samedi 29 décembre 2012

Meschers-sur-Gironde : accusée de meurtre, elle reste en liberté

C'est une bien curieuse affaire sur laquelle se sont penchés, hier matin, les magistrats de la chambre de l'instruction, à la cour d'appel de Poitiers. Une affaire de meurtre, survenue en mars dernier, mais pour laquelle une information judiciaire n'a été ouverte que le 5 décembre dernier. Dans cette affaire, de lourds soupçons pèsent sur une Royannaise de 43 ans, que le parquet souhaiterait voir incarcérée mais que les juges s'ingénient à maintenir en liberté.
Les faits remontent au 31 mars dernier. Ce jour-là, plusieurs résidents d'un camping de la ville, connus pour leurs abus d'alcool, ont donné rendez-vous à des connaissances. Le but est de s'adonner à la boisson. La discussion dégénère en dispute.

Baignant dans l'essence
L'un des participants à la beuverie, Bruno Clain, 41 ans, est transporté ivre mort dans son mobile home. Quelques heures plus tard, deux de ses amis, venant s'enquérir de son état de santé, découvrent l'homme inconscient, baignant dans l'essence. Malgré l'intervention des pompiers, le malheureux ne se réveille pas. Une autopsie et des expertises toxicologiques sont ordonnées par le parquet. Les experts concluent à une probable intoxication au propane. Sous les effets de l'alcool (3,39 g par litre de sang) et des vapeurs d'essence qui ont envahi le mobile home, la victime aurait pu ne pas réagir.
L'ensemble des participants à la beuverie sont placés en garde à vue. Tous sont remis en liberté. Aucune information judiciaire n'est ouverte bien que l'homicide volontaire reste la thèse la plus vraisemblable.
Parmi les gardés à vue laissés libres, figure une Royannaise de 43 ans, Nathalie Jacquaud. Deux des participants à la fête, eux-mêmes bien avinés, affirment l'avoir vue accompagnée de son compagnon, Jérôme Dumouly, se diriger vers le mobile home de la victime. Là, expliquent-ils, la femme aurait versé de l'essence sur le corps de Clain, puis ouvert le gaz avant de tenter de mettre le feu à l'aide d'un briquet. Entendus à nouveau, le couple dément ces accusations. Il est vrai que, sur les robinets de gaz, aucune trace d'ADN autre que celui de Bruno Clain n'a été trouvée et que les enquêteurs ont semble-t-il omis de saisir le jerrycan d'essence.
Ce n'est que le 5 décembre que le parquet de Saintes décide d'ouvrir une information pour homicide volontaire, visant nommément Nathalie Jacquaud. Elle est présentée au doyen des juges d'instruction de la ville qui la met en examen pour homicide volontaire et la place sous contrôle judiciaire. Le parquet, avant de transmettre le dossier au pôle de l'instruction de La Rochelle, saisit alors le juge de la liberté et de la détention, qui refuse le placement en détention.
C'est cette décision que vient de confirmer la cour d'appel, saisie d'un appel du parquet, estimant sans doute que, neuf mois après les faits, l'incarcération provisoire de Nathalie Jacquaud ne signifierait plus grand-chose.

http://www.sudouest.fr/2012/12/28/accusee-de-meurtre-elle-reste-en-liberte-920433-1531.php

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