lundi 28 janvier 2013

Deux SDF accusés d'avoir racketté et séquestré un passant

Un Rémois déclare avoir été racketté et obligé de suivre deux SDF qui l'ont abordé dans la rue en vendant des cartes postales. Ecroués, les suspects contestent.
HÉBERGÉS par-ci par-là dans des hôtels, deux SDF ont désormais trouvé logement plus imposant mais moins confortable : la maison d'arrêt. Mis en examen vendredi soir pour « extorsion avec arme », crime puni de quinze ans de réclusion, Anthony Dreumont, 23 ans, et Abdelmalek Assaidi, 24 ans, sont accusés d'avoir fait passer un sale quart d'heure à un passant croisé au centre-ville de Reims.
Tout commence rue de Vesle, mardi vers 12 h 30. La victime âgée de 18 ans est abordée par les deux SDF occupés à vendre des cartes postales pour prétendument financer des stages de jeunes à la mairie de Reims (du pipeau complet !). Le prix est maousse : 40 € la carte ! D'après ses déclarations, le plaignant se voit contraint d'en acheter une sous la menace discrète d'une arme de poing exhibée à la ceinture d'Abdelmalek Assaidi et d'un couteau sorti de la manche de manteau d'Anthony Dreumont.
Tétanisé de peur, au point de ne pas donner l'alerte auprès des nombreux passants de la rue de Vesle, le jeune homme aurait retiré 240 € à un distributeur à billets, sous bonne escorte, avant d'être conduit par les SDF à la gare de Reims. Le trio monte dans un taxi pour se rendre aux Châtillons, place des Argonautes.
Durant le trajet, l'arme de poing aurait été discrètement appuyée dans les côtes de la victime pour qu'elle garde le silence. Aux Châtillons, nouveau retrait de 20 € à un distributeur, puis fuite des agresseurs.

Carotte, oui ! Extorsion, non !
Saisie de l'enquête, la brigade de répression des violences du commissariat de Reims a interpellé les deux SDF à la gare SNCF, jeudi, alors qu'ils s'apprêtaient à quitter la ville. Ils ont reconnu sillonner la France pour arnaquer les gens avec leurs cartes postales (un gain moyen de 200 € par jour), mais ont contesté les faits tels que présentés par la victime.
Ils affirment qu'elle a acheté la carte sans la moindre menace, avant de se rendre tout aussi librement aux Châtillons en taxi pour se procurer du cannabis auprès d'un dealer que les deux SDF ont prétendu connaître (d'où les retraits d'argent). Sur ce point, ils admettent l'avoir « carottée ». L'un des SDF, après avoir pris l'argent pour aller au contact du dealer, n'est jamais revenu. L'autre a fait mine d'attendre son retour avant de s'éclipser.

Un taxi très recherché
Au terme des gardes à vue, l'affaire devait être jugée vendredi en comparution immédiate mais le tribunal, au vu des versions contradictoires, a estimé qu'une instruction était nécessaire. Font notamment défaut le témoignage du chauffeur de taxi, qui reste à identifier, ainsi que l'exploitation des vidéosurveillances pour se faire une idée de l'absence ou non de contrainte dans les déplacements de la victime.
Ce ne sont pas les avocats de la défense, Mes Benjamin Chauveaux et Edouard Colson, qui ont plaidé le contraire, même si le prix à payer est une aggravation - provisoire ? - des poursuites envers leurs clients.
Le juge d'instruction devant lequel ils ont été présentés le soir même a décidé de les mettre en examen pour « extorsion avec arme » (crime puni de quinze ans de réclusion) et non plus « extorsion avec violence », comme au tribunal (délit passible de sept ans de prison).
La détention des SDF a été ordonnée en raison des risques de fuite et de leurs antécédents judiciaires.


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/deux-sdf-accuses-davoir-rackette-et-sequestre-un-passant

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