dimanche 10 février 2013

Meurtre d’une Bressane en Malaisie : la famille veut enfin la vérité

Irène Mortel, Joël et Vanessa Foray avaient déjà vécu le pire en 2011. La disparition angoissante de leur fille et de leur sœur là-bas, en Malaisie, à 10 000 kilomètres de la France. Les mois d’attente à guetter un signe, à espérer au moindre coup de fil, ou à désespérer, à se laisser envahir par un mauvais pressentiment. Jusqu’à ce maudit 8 août où Omar Asni avait conduit la police jusqu’au corps de Stéphanie, enterré dans une grotte.
Mais ce n’était que le début du cauchemar. En mai 2012, un an après la disparition, ils partaient au Pahang, le plus grand État de la Malaisie, pour assister au procès du meurtrier présumé de Stéphanie. Sans se douter que leur calvaire ne faisait que commencer, au gré d’une procédure interminable. « On nous avait parlé d’une quinzaine de jours », raconte Vanessa, la grande sœur de Stéphanie. Mais dix mois après, le procès dure encore à cause d’une procédure « à l’américaine ».
D’emblée, le procès est repoussé de trois jours. Puis Omar Asni est amené. « Il rigolait avec les policiers. Puis il s’est assis avec sa famille, se souvient Irène Mortel, la mère. Moi en tant que témoin, je n’avais pas le droit d’entrer. » La juge est seule pour examiner cette affaire criminelle entre deux cas mineurs de petite délinquance. Deux, trois heures par jour, le meurtre est débattu, puis l’affaire est renvoyée au lendemain, ou au mois d’après. « Parfois, l’audience est ajournée à cause d’une fête, d’un torticolis de la juge », ajoute la mère de Stéphanie. Le procès s’étire en longueur sans même qu’Asni ne soit interrogé.
Car la juge n’a pas encore décidé le début du « vrai » procès. Les trois procureurs et les trois avocats de l’accusé n’ont entendu que quinze témoins sur la trentaine a priori.
Et chacun, policier, médecin légiste, chimiste, est mis sur le grill par la défense. Car curieusement, certaines preuves ont été détériorées par une inondation du commissariat. Alors les avocats contestent tout, jusqu’à l’absurde : ce ne serait pas le corps et les vêtements de Stéphanie selon eux. Au photographe de la scène de crime, on demande par exemple combien de policiers étaient sur place. « À moi on m’a demandé la marque des vêtements de ma fille alors que je les avais parfaitement identifiés ou de citer de mémoire des passages entiers des lettres qu’elle m’écrivait », se souvient Irène Mortel.
« Pour identifier Stéphanie, on a prélevé notre ADN. Les avocats ont demandé au médecin si nous avions bu du café ou fumé avant, pour faire annuler les tests ! Tout est fait pour créer un doute », se désole Vanessa.
Depuis dix mois, la famille de Stéphanie n’a pas pu retourner en Malaisie. Elle suit ce « procès » à distance, dans la crainte que le meurtre reste impuni.
« Son meurtrier lui a pris sa jeunesse, sa beauté, un bel avenir professionnel, une vie de famille, ses rêves, sa vie tout entière, explique Vanessa. Mais elle demeurera dans nos cœurs éternellement. Nous nous battons et continuerons aussi longtemps qu’il le faudra afin que justice soit faite. »

http://www.leprogres.fr/faits-divers/2013/02/10/meurtre-d-une-bressane-en-malaisie-la-famille-veut-enfin-la-verite

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