mardi 12 février 2013

Part-Dieu : le suspect écroué et toujours le mystère de la femme coupée en deux

Une silhouette malingre, courbé comme un jonc sous le poids d’un crime hors norme : Nabil Ferjami, 26 ans, a été déféré hier au palais de justice de Lyon. Il a été mis en examen et écroué pour meurtre. Ce Franco-Tunisien sans emploi est seul suspect dans la mort de Tellya Sebih, pâtissière en alternance, disparue depuis dix jours de la résidence « habitat jeunes », située rue Maurice-Flandin, derrière la gare de la Part-Dieu à Lyon 3e.
Après des déclarations floues et fluctuantes, il a fini par avouer avoir tué la jeune femme. Elle habitait dans l’appartement 226. Il logeait au 326. Il dit être descendu d’un étage pour frapper à sa porte, dans la nuit du 30 au 31 janvier. Il avoue l’avoir battue. Il parle de coups de poing et de pied. Sans pour autant expliquer les motifs de cette soudaine furie. Pas plus qu’il ne détaille les actes mortels. Les premiers constats médico-légaux laissent penser que la malheureuse a été très violemment frappée à la tête. Des plaies peuvent laisser supposer quelques coups de couteau. Il faudra attendre les résultats de l’autopsie pour combler des zones d’ombre. Mystérieux sur ses motivations, taiseux sur la scène de meurtre, Nabil Ferjami a néanmoins indiqué sa façon de se débarrasser du corps, dans des conditions sordides : il a coupé les jambes de sa victime et transporté en plusieurs fois la dépouille dans des sacs poubelles. Ce que confirment des images vidéos et des badges d’ouverture de portes. Dimanche soir vers 20 h, au bout de sa garde à vue, probablement acculé par une série d’indices confondants, il a conduit les enquêteurs de la brigade criminelle dans un passage piéton, entre les rues Flandin et Gabillot, jusqu’à l’arrière d’un immeuble, à quelque 500 mètres de la résidence. Derrière un bosquet, il avait sommairement camouflé sa victime, sous quelques centimètres de terre. Dans un scénario de « la femme coupée en deux » que n’aurait osé imaginer Chabrol. Dans les fragments de son discours criminel, Ferjami a parlé de vodka, en laissant planer une acre fumée de cannabis sur le déroulement exact de la soirée fatidique. Il évoque une bagarre dans la résidence, un peu plus tôt. Il dit avoir voulu séparer les protagonistes. Ce que confirment des locataires qui ont entendu cris et sirène d’alarme, le soir du crime. « Je ne suis pas quelqu’un de violent même si c’est horrible ce qui s’est passé » a-t-il déclaré hier aux magistrats, ajoutant : « ça m’a anéanti, ça anéantit ma famille, j’ai enlevé la vie à quelqu’un. » Puis, dans un curieux dédoublement, il a lâché : «Ce soir-là ce n’était pas le Nabil que je connais, Nabil n’était pas là. » « Il faudra chercher à comprendre dans l’opacité du passage à l’acte ce vertige étrange qui peut métamorphoser un homme » confie Jean-François Barre, son avocat. Dans son ordonnance, le juge Pierre Goudard a noté la possibilité « d’une dangerosité plus structurelle » pour justifier une détention préventive.

http://www.leprogres.fr/faits-divers/2013/02/12/le-meurtrier-presume-ecroue-et-les-mysteres-de-la-femme-coupee-en-deux

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