vendredi 8 mars 2013

Saint-Jean-de-Luz : le policier fait la grève de la faim depuis une semaine

Les yeux sont cernés, le teint jaune. Depuis jeudi, ce policier de 43 ans, en poste à Saint-Jean-de-Luz, a cessé de s’alimenter. Il refuse l’affectation qu’on lui a proposée dans les bureaux du commissariat luzien, au retour d’un an et demi de congé maladie. Après une longue dépression, il devait reprendre son travail vendredi dernier.
« Je suis devenu phobique d’un certain type de travail, raconte le quadragénaire. Je ne supporte pas de rester dans un bureau huit heures par jour. Y aller, c’était devenu l’angoisse. Je pleurais dans la voiture, j’avais envie de dégueuler. Je veux être sur la voie publique, être dehors, voir la lumière, aider les gens. »

Son sentiment de ne pas être entendu l’a conduit à l’extrémité de la grève de la faim. « Je n’accepte plus de souffrir au travail », lâche-t-il.
Il se fixe au moins 30 jours
En sirotant un verre d’eau - la seule chose qu’il ingère, en plus de ses antidépresseurs -, il dit être prêt à tenir longtemps si ses supplications ne trouvent pas d’écho. « Au début, la faim tenaille. Là, j’ai des moments de faiblesse, mais ça reste passager. Je sais que je peux faire un coma, perdre un organe. J’ai lu qu'on pouvait tenir trente jours sans trop de séquelles. Je me fixe au moins ça. »
Le fonctionnaire de police, qui souhaite rester anonyme, est soutenu par l’Anas 64 (Association nationale d’action sociale des policiers) justement en congrès aujourd'hui à Pau et par le syndicat Unité SGP Police-FO. « Malgré tous les avis médicaux, notre collègue est confronté à un mur d’incompréhension de la part de la direction départementale », estiment les représentants de ces deux organisations, Claude Gracy et Joseph Cilluffo.
« Contrairement à ce que prévoient tous les textes, elle veut le réintégrer soit dans le service judiciaire luzien, où il ne veut pas être, soit le muter à Bayonne, loin de chez lui. Cela peut être vécu comme une sanction », décrit Claude Gracy.
Exaucé
Il raconte le parcours professionnel de son collègue, « un exemple parmi d’autres de mal-être au travail chez les policiers ». Affecté il y a plusieurs années au groupe d’appui judiciaire à Pau, il craque et est mis en arrêt maladie une première fois. « Il supportait mal les contraintes de ce service et a demandé à retourner sur la voie publique. Il a été exaucé lorsqu’il a été muté à Saint-Jean-de-Luz mais, trois mois plus tard, on l’a remis dans les bureaux. Il a tenu trois semaines. »
Une première tentative de reprise du travail échoue en octobre dernier. « Sur avis médical, on lui proposait un temps partiel, sans arme. Il a été affecté à la morgue. Il a tenu une journée », dit le président de l’Anas 64. Un autre avis médical du 21 février le considère cette fois comme « apte aux fonctions avec port d’arme » et précise qu’un « changement de poste est souhaitable ».
« Décrisper la situation »
Le directeur départemental de la sécurité publique, Thierry Alende, ne nie pas la souffrance du fonctionnaire, mais il a une tout autre analyse de la situation. « C’est faux de dire qu’on ne tient pas compte des avis médicaux. Nous l’avons fait, sachant qu'on a là quelqu'un qui sort d’une longue maladie. La fonction de policier sur la voie publique peut être plus compliquée à vivre que d’autres, dans un environnement parfois hostile. Je trouve étonnant qu'il veuille se tourner vers ça. »
Face au refus en bloc du fonctionnaire, il explique avoir voulu « décrisper la situation » en proposant ce poste à Bayonne. À Saint-Jean-de-Luz, ce n’était, dit-il, pas possible. « Il a la qualification d’officier de police judiciaire, ce qui correspond à un certain niveau de fonction. Il n’y a pas de poste correspondant à Saint-Jean-de-Luz. C’était possible à Bayonne. »
L’option envisagée n’est plus à l’ordre du jour. « J’ai demandé un nouvel examen médical qui nous dira s’il est apte à reprendre ou non. Nous verrons en fonction. » Le rendez-vous doit avoir lieu demain.

http://www.sudouest.fr/2013/03/07/faim-de-reconnaissance-987022-4383.php

Aucun commentaire: