




Alain Crémont
[ARMISTICE du 11 NOVEMBRE 1918]
"C'est signé ! Nous sommes en liberté. La guerre est terminée.
Vive la France !"
Nous sommes le 11 novembre 1918, il est 5h40.
Peu après, à 11h, les clairons bondissent hors des tranchées et sonnent le cessez-le-feu si longtemps espéré.
Au même moment, dans toute la France, les cloches des églises, qui tintent à toute volée, annoncent également l’événement.
Un long cauchemar de quatre années s’achève.
Ce mot, bien entendu, n’est pas trop fort lorsque l’on se remémore le terrible bilan humain de cette première guerre mondiale.
Ainsi, entre septembre 1914 et novembre 1918, nous dénombrons environ 10 millions de morts dont près de 1 400 000 Français.
Ce sont également plus de 20 millions de blessés, dont 4 millions en France, avec ce cortège de mutilés, de gueules cassées, marquées à jamais dans leur chair et dans leur âme.
Oui, ce fut cela, la Grande Guerre : des moyens de production moderne mués en autant de moyens de destruction massive et des hommes qui découvraient avec effroi l’ampleur des ravages causés par l’arsenal des armes modernes.
Soissons aussi compte ses morts, civils et militaires.
Ils sont 353 au total. Leurs noms sont gravés derrière moi.
Les survivants, quant à eux, dénoncent les atrocités et ne cachent rien de leurs blessures, tant physiques que psychologiques.
La ville, elle, est un véritable champ de ruines.
Mais dès 1920, le Maire de l’époque, Fernand MARQUIGNY, délivre un formidable message d’espoir, qui résonne comme un sursaut pour l’avenir.
Ainsi, alors que le Président de la République, Raymond POINCARÉ, vient remettre la Croix de la Légion d’Honneur à notre ville, Fernand MARQUIGNY déclare :
« Notre ville s’est toujours relevée de ses désastres ; elle se relèvera cette fois encore, malgré les ruines cumulées par l’ennemi. Déjà la vieille cité commence à renaître, l’activité s’y manifeste, les premiers résultats de son effort sont visibles. Les dévastés ne sont pas pessimistes, ils ont l’indomptable volonté de faire revivre leur pays, et leur pays vivra ! Faites-nous confiance et nous étonnerons le monde par la rapidité de notre relèvement. »
Ces propos plein d’énergie et d’optimisme sont caractéristiques de notre ville et de ses habitants à travers l’histoire.
Alors aujourd'hui, 102 ans plus tard, sur la place qui porte son nom, je veux à mon tour porter un message optimiste.
Tout d’abord, vous dire que votre présence citoyenne ce matin témoigne de votre attachement à cette commémoration, et je m’en réjouis.
Elle démontre que la France d’aujourd’hui n’oublie pas la somme d’héroïsme et de courage surhumain de nos soldats d’alors, ni les souffrances et la solidarité extraordinaire dans les tranchées comme dans l’ensemble du pays.
En me tournant vers les plus jeunes, vers les enfants des écoles, des collèges ou encore du Conseil Communal des Jeunes, je veux dire à quel point commémorer l’Armistice de la Grande Guerre n’a rien d’un acte mineur ou anodin.
Connaître son histoire est une chose, mais il est plus essentiel encore de pouvoir s’en souvenir à chaque instant pour n’avoir plus jamais à reproduire ces horreurs.
Dans un monde troublé, comme nous le connaissons actuellement, vous pouvez constater que la paix n’est jamais définitivement acquise et que nous devons rester vigilant pour la préserver.
Je veux ainsi voir en votre présence une prise de conscience totale de notre jeunesse et un signe d’espoir pour notre futur.
Je tiens ici à souligner le formidable travail de médiation qui a été mené autour de cette commémoration qui permet aux enfants de s’investir et de s’approprier cette journée si particulière.
Atelier photo, expression créative, jeux… c’est tout un panel d’animations qui est proposé sous l'impulsion de Louisa AUBERT du service des musées que je souhaite remercier pour ce travail réalisé avec l’enthousiasme et le dynamisme que nous lui connaissons. Un grand merci à vous Louisa.
Je souhaite également profiter de ce moment d’unité nationale et de cohésion autour de ceux qui donnent leur vie pour la France pour rendre hommage à celles et ceux qui la servent avec dévouement et courage.
Cela me donne une nouvelle fois l’occasion de saluer le travail exceptionnel de nos forces armées, qui combattent l’ennemi à travers le monde.
J’associe à ces remerciements les services de gendarmerie, de police nationale et municipale, de sécurité civile, ainsi que nos sapeurs-pompiers, qui nous protègent au quotidien au péril de leur sécurité, et malheureusement parfois au péril de leur vie.
Ce matin, en nous associant au Souvenir Français et à travers la présence fidèle des associations patriotiques – que je remercie solennellement encore aujourd’hui - nous rendons hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui sont morts pour notre patrie à travers l’histoire ou qui continuent à oeuvrer pour notre sécurité et notre liberté.
Je conclurais en remerciant très chaleureusement tous ceux qui se sont associés à cette commémoration et, plus largement, à cette journée de mémoire :
les services municipaux, bien sûr, pour leur travail toujours exemplaire et, plus globalement, pour leur implication dans tous les événements organisés ou soutenus par la Ville;
les enfants et les enseignants des écoles soissonnaises et du centre éducatif de la Cordée,
les membres du Conseil Communal des Jeunes ;
les jeunes sapeurs-pompiers ;
les clubs sportifs qui ont répondu à notre invitation ;
l’Harmonie municipale ;
la chorale des enfants ;
et, enfin, naturellement, nos fidèles anciens combattants, porte-drapeaux et dames d’entraide.
Grâce à vous tous, en perpétuant ces cérémonies du souvenir, nous réaffirmons avec force les valeurs de tolérance et de respect mutuel entre les nations et les peuples.
C’est ce message que je souhaite porter.
C’est ce combat que nous devons mener.
Vive Soissons !
Vive la paix !
Vive la République
Et Vive la France !
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