samedi 28 mai 2011

Rio-Paris : ce que disent les boîtes noires

On en sait un peu plus sur les circonstances de la catastrophe du vol Rio-Paris, qui s'était abîmé dans l'Atlantique en juin 2009. Le Bureau d'enquêtes et d'analyse (BEA) a diffusé vendredi une note d'information très attendue sur les premières constatations résultant de l'exploitation des enregistreurs de vol repêchés début mai, deux ans après le désastre. Une note qui ne fournit toutefois pas, a tenu à souligner l'organisme, une explication complète sur les causes du drame. "Ce que nous publions aujourd'hui, ce ne sont que des constatations et ce n'est pas la compréhension de l'événement", a déclaré Jean-Paul Troadec, le directeur général du BEA, évoquant comme au début de l'enquête une combinaison de facteurs techniques et humains : "Pour comprendre comment tout cela s'est enchaîné, c'est un travail qui commence". Le BEA a promis un rapport d'étape "d'ici fin juillet"
Quels sont donc les éléments factuels apportés par l'analyse de ces boîtes noires ? La première mention annonçant les problèmes que va connaître l'appareil apparaît dans l'enregistrement des conversations, huit minutes avant qu'il ne soit coupé. Un des pilotes de l'A330 prévient alors l'équipage qu'ils vont entrer dans une zone de plus fortes turbulences : "On devrait attaquer une zone où ça devrait bouger un peu plus que maintenant, il faudrait vous méfier, là". Dès lors, les événements s'enchaînent avec une rapidité croissante, jusqu'à la coupure brutale des enregistrements. Les "boîtes noires", tant celle contenant les sons des conversations à bord, que celle contenant les données de vol, révèlent par ailleurs que les pilotes du vol AF447 d'Air France ont lutté pendant plus de quatre minutes avec les commandes de l'appareil avant qu'il s'abîme dans l'Atlantique, entraînant la mort de 228 personnes.

"On n'a aucune indication qui soit valable"

Au moment de l'événement, le commandant de bord était en repos tandis que les deux copilotes se trouvaient dans le cockpit, mais il est revenu dans le poste de pilotage "environ 1 mn 30 après le désengagement du pilote automatique", précise le document du BEA. Il n'a toutefois pas repris les commandes, restées jusqu'à la fin entre les mains d'un de ses copilotes.

Après le désengagement du pilotage automatique, l'A330 d'Airbus est monté jusqu'à 38.000 pieds, puis l'alarme de décrochage s'est déclenchée et l'avion a décroché. "Les ordres du pilote en fonction ont été majoritairement de cabrer", souligne le BEA, précisant que la descente a durée 3 mn 30 pendant lesquelles l'avion est resté en situation de décrochage. "Les moteurs ont fonctionné et toujours répondu aux commandes de l'équipage". Mais, selon les données techniques des enregistrements, toutes les vitesses enregistrées étaient alors fausses, sans doute en raison du givrage des sondes de mesure. Les pilotes ont ainsi vu s'afficher deux vitesses différentes pendant un peu moins d'une minute, l'une d'elles indiquant une chute brutale de la vitesse.

Peu avant la fin de l'enregistrement des conversations de bord, un des pilotes s'est exclamé : "On n'a aucune indication qui soit valable". Deux minutes trente plus tard, l'avion s'abîmait dans les flots et l'enregistrement s'interrompait.

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