dimanche 24 juillet 2011

Derrière l'enlèvement de la jeune fille à Privas, une "tradition" tchétchène ?

C'était un faux rapt mais une vraie tradition tchétchène. La jeune fille enlevée à Privas (Ardèche) dimanche dernier a été retrouvée en Haute-Garonne a annoncé vendredi une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien.fr. Il s'agirait en fait d'un enlèvement traditionnel tchétchène.

Selon la source, cet enlèvement n'aurait donc aucune motivation crapuleuse. Il s'agirait en l'occurrence d'une adolescente de 16 ans d'origine tchétchène promise à un mariage. La coutume du pays veut que la famille du futur mari enlève la fiancée. La jeune fille était apparemment consentante. Cela étant, la police devra déterminer si le consentement était bien réel .

Toujours selon le Parisien, c'est la mère de la fiancée qui s'est présentée, jeudi soir, au commissariat de police de Privas (Ardèche) et a donné sa version des circonstances du vrai-faux rapt.

L'enlèvement de la fiancée, une pratique courante du Causase du Nord
L'enlèvement de jeunes filles par leurs promis, vieille tradition dans le Caucase du Nord, région musulmane dans le sud de la Russie, est aussi pratiquée par la diaspora, selon Aude Merlin, politologue spécialiste de la région.

Autrefois, la fiancée était enlevée lorsque sa famille refusait le mariage, ou lorsqu'elle ne pouvait proposer de dot. Généralement les parents de la jeune fille enlevée consentaient au mariage, cette dernière étant considérée comme "souillée" après avoir passé une nuit hors de son domicile. La coutume est restée.

Selon Aude Merlin, professeur à l'Université libre de Bruxelles, le "rituel de l'enlèvement" fait aujourd'hui partie du "folklore" et il survient le plus souvent après concertation entre les familles. "Il peut arriver qu'il se passe contre le gré de la jeune fille mais celle-ci peut en règle générale faire entendre sa voix et refuser un mariage", a-t-elle observé. Le mariage lui-même, qui dure trois jours, est très codifié. "Il y a un retour aux traditions ces dernières années en Tchétchénie du fait de la guerre, et les mariées sont de plus en plus jeunes car leur union est une protection", souligne Aude Merlin. Elle relève que des enlèvements de jeunes filles tchétchènes se sont produits ailleurs dans le monde et notamment en France et en Belgique.

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