samedi 23 juillet 2011

PS : Guérini sort par la porte et revient par la fenêtre

Avec 88,84% des suffrages exprimés, la victoire de Jean-David Ciot est écrasante... et logique : deux semaines après la publication du rapport Richard, enjoignant pudiquement le PS des Bouches-du-Rhône à "abandonner ses usages anciens", c'est donc ce proche de Jean-Noël Guérini, l'homme fort aux méthodes contestées, qui lui succède à la tête de la 4e fédération de France. Une élection en forme de revanche pour le sénateur Guérini, après les attaques virulentes dont sa gestion du PS local - il était alors premier secrétaire - a été la cible. Il faut dire que les quelque 9000 militants appelés à voter avaient le choix entre, d'un côté, Jean-David Ciot qui, jusqu'au printemps dernier, était membre du cabinet de Guérini à la présidence du Conseil général, et de l'autre un simple militant aixois, Guillaume Guerre. Jean-David Ciot, qui assure déjà l'intérim comme secrétaire de la fédération depuis la réélection de Jean-Noël Guérini à la tête du département en mars et dont la candidature avait été entérinée par le Bureau national du PS, l'a facilement emporté, comme prévu.
Reste pour le PS des Bouches-du-Rhône à faire un sérieux toilettage de son image. "Nous devons aujourd'hui rénover certainement une grande partie de nos pratiques politiques, retrouver une crédibilité. Il doit y avoir des votes qui ne doivent faire l'objet d'aucune contestation et qui doivent se faire en toute transparence à l'avenir", a d'ailleurs lancé jeudi Jean-David Ciot sitôt élu, tout en estimant que "les caricatures qui avaient été dressées contre la fédération ne sont pas vraies". Il s'est dit conscient également, qu'après les six mois de turbulences traversés par la fédération, il va devoir essayer de ramener l'unité dans les rangs socialistes à la veille des échéances capitales de 2012. Le premier secrétaire devra "essayer de rassembler les militants, de rassembler les élus", a-t-il déclaré.

PS, chantier en cours

Il ne sera pas facile d'effacer les traces des accusations virulentes émanant notamment d'Arnaud Montebourg. En mars 2011, le député de Saône-et-Loire avait dénoncé dans un rapport un "système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur" et des "dérives les plus graves dans l'utilisation de l'argent public". Le tout dans un climat empoisonné par les démêlés judiciaires du frère de Jean-Noël Guérini, Alexandre Guérini, entrepreneur soupçonné de malversations liées notamment à l'exploitation de décharges. Il est placé aujourd'hui sous contrôle judiciaire après avoir purgé cinq mois et demi de prison.

Ces critiques avaient été à l'origine d'une enquête interne menée sous la responsabilité de l'ancien ministre Alain Richard. Rendues le 5 juillet, les conclusions de la commission Richard avaient déjà marqué une première victoire pour Jean-Noël Guérini en estimant que les affirmations d'Arnaud Montebourg, "sans être dénuées de tout lien avec la réalité", n'en restaient qu'au stade "d'accusations péremptoires". Reconnaissant néanmoins l'existence du problème en termes feutrés, ce rapport proposait à la fédération un "contrat de rénovation" fondé sur dix "recommandations". Mais pas de sanction et surtout pas de tutelle du national, comme cela avait été le cas pour la fédération de l'Hérault, entrée en dissidence sous la houlette de feu Georges Frêche aux régionales de 2010.

Ce sont ces préconisations que Jean-David Ciot va devoir désormais mettre en oeuvre. Parmi elles, un "encadrement des cumuls entre responsabilités fédérales et emplois publics" afin de faire cesser une situation qui voit de nombreux cadres politiques ou membres de leur famille être également salariés du département. Ou encore, le plafonnement de l'effectif des sections (à 250 membres) et de nouvelles règles d'organisation des scrutins internes au PS.

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