vendredi 22 juillet 2011

Texas : il a tout tenté pour sauver son bourreau

Malgré l'ultime appel d'une de ses propres victimes, qui s'est battue jusqu'au bout pour lui éviter la mort, Mark Stroman a été exécuté. Cet Américain de 41 ans, condamné à mort pour un meurtre raciste commis après le 11 septembre 2001, a subi une injection mortelle à la prison de Huntsville, au Texas, dans la nuit de mercredi à jeudi. Il est ainsi devenu le huitième condamné exécuté cette année au Texas, connu pour être l'Etat américain le plus actif en la matière, et le 28e aux Etats-Unis.

Stroman, tailleur de pierres amateur d'armes, assurait avoir perdu sa demi-soeur dans les attentats à New York. "Bouleversé", mais aussi pétri de "rage", selon son avocate Lydia Brandt, il s'était donné pour mission de "venger l'Amérique". Ne pouvant "pas aller au Moyen-Orient", il s'en était pris "à ceux dont il pensait qu'ils avaient quitté le Moyen-Orient pour s'installer aux Etats-Unis". Quatre jours après les attentats, il avait fait sa première victime dans une épicerie : Waqar Hasan, un musulman d'origine pakistanaise, qu'il avait abattu à bout portant, sans même lui adresser la parole. Le 21 septembre, au tour de Rais Bhuiyan, originaire du Bangladesh, d'être visé dans la station-service de Dallas où il travaillait. Grièvement blessé au visage, Bhuiyan s'en était sorti mais en perdant l'usage d'un oeil. La dernière victime de Mark Stroman s'appelait Vasudev Patel et était hindou. C'est pour le meurtre de ce dernier que Stroman avait été condamné en avril 2002 à la peine de mort.

"La haine doit s'arrêter"

Mais quelques mois avant l'exécution de Stroman, Rais Bhuiyan, un musulman pratiquant, s'était pris de pitié pour le condamné, lançant un site internet et prêchant le "pardon" pour son bourreau. Il était même allé jusqu'à attaquer le gouverneur républicain du Texas, Rick Perry, en justice pour tenter de stopper l'exécution. Il l'accusait d'avoir violé ses droits en ne l'autorisant pas à rencontrer Mark Stroman. Mais cet ultime recours a échoué mercredi quelques heures avant l'exécution de Stroman.

Jusqu'au bout, Rais Bhuiyan aura tenté de mobiliser les médias pour sauver celui qui avait tenté de le tuer. Lundi soir, il avait demandé sur la chaîne de télévision CBS que Mark Stroman soit "épargné". Dans le New York Times de mardi, il avait justifié son combat par son éducation: "Mes parents m'ont appris à me mettre dans la peau des autres. Si on te blesse, ne te venge pas. Pardonne. Vis ta vie. Cela ne peut que t'être bénéfique à toi et aux autres".

Quant à Mark Stroman, les dix années passées dans le couloir de la mort l'avaient transformé d'islamophobe et adepte de la suprématie de la race blanche en un être tolérant. Au New York Times, il avait lancé mardi : "la haine doit s'arrêter, nous faisons tous partie de la même planète (...) Nous avons besoin de plus de pardon et d'empathie et de moins de haine". Quant à Rais Bhuiyan, "quelle force d'inspiration", s'était-il exclamé.

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