mercredi 24 août 2011

Comment Fillon compte économiser quinze milliards

La diète sera sévère - très sévère si l'on en croit les syndicats : selon eux, François Fillon cherche à réaliser dès cette année des économies de l'ordre de 3 à 4 milliards d'euros, et de 10 à 12 milliards d'euros en 2012 - soit entre 13 et 16 milliards sur deux ans. Le Premier ministre s'est entretenu lundi soir à ce sujet par téléphone avec les partenaires sociaux, qui ont exprimé leur inquiétude face au tour de vis budgétaire annoncé. Motif : une croissance en berne, qui devrait être en deçà des prévisions (2% en 2011 et 2,25% en 2012), mais un objectif de réduction du déficit maintenu et qualifié "d'intangible" par le Premier ministre, du fait d'une volonté affichée de rassurer les marchés financiers.

Après une dernière réunion à l'Elysée mercredi, François Fillon présentera donc la voie choisie pour ramener le déficit public de 7,1% du PIB en 2010 à 5,7% cette année puis 4,6% en 2012. En ligne de mire, l'objectif des 3% en 2013, seuil autorisé par les traités européens. Le Premier ministre sera ensuite l'invité du 20 heures de TF1. Selon Bercy, les réunions de cadrage se sont poursuivies lundi. Quant au rendez-vous de mercredi, il s'agira "d'une sorte de présentation du budget avant l'heure", destinée à éloigner le spectre d'une dégradation de la note de la France. Le projet de loi de finances pour 2012, qui mettra en musique cette cure d'austérité, sera présenté en septembre puis débattu au Parlement.

Des partenaires sociaux inquiets

La philosophie générale des mesures attendues est de prévoir un "effort équitablement réparti entre les ménages aisés et les moins aisés, mais aussi entre les grands groupes et les sociétés", signale-t-on à Bercy. D'où les pistes suivantes :

- Une taxation des très hauts revenus, à laquelle s'était engagé le gouvernement au printemps, semble acquise mais il reste à en fixer le montant et le seuil des revenus concernés.
- Le mécanisme de report des déficits par les entreprises, qui permet aux grands groupes de minorer leur impôt sur les sociétés, devrait aussi être revu par le gouvernement , selon une source proche du dossier.
- Une autre piste mène aux exonérations de taxation des plus-values réalisées lors de la vente d'une résidence secondaire.
- Les niches fiscales pourraient subir un nouveau coup de rabot. Le mois dernier,
Nicolas Sarkozy a toutefois affiché son intention de ne pas toucher à celles "au service de l'emploi".
- Les heures supplémentaires sont aussi, pour la première fois, dans le viseur du gouvernement, selon la CGPME et FO. Le Premier ministre est tenté de revenir, au moins en partie, sur les exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les heures supplémentaires depuis 2007.

En première ligne, François Fillon s'est entretenu dimanche soir et lundi avec les représentants des partenaires sociaux, qui seront ensuite reçus à tour de rôle à Matignon à partir de jeudi. Mercredi soir, certains syndicats devraient se réunir de leur côté. Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a indiqué avoir réclamé "des mesures de soutien social aux salariés et aux entreprises". Bernard Thibault, son homologue de la CGT, a toutefois estimé que le gouvernement entendait se contenter "de mesures pour rassurer les marchés". Quant à Jacques Voisin (CFTC), tout en jugeant la rigueur "nécessaire", il a mis en garde contre des mesures "d'austérité" portant atteinte à la croissance. La présidente du Medef Laurence Parisot a pour sa part appelé "à ne pas pénaliser" les entreprises.

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