dimanche 18 septembre 2011

Dette grecque : l'Europe bloquée, les USA s'impatientent

Ca coince toujours sur le front de la dette grecque. La zone euro a décidé vendredi de reporter à octobre toute décision sur le versement d'une nouvelle tranche de prêts dont la Grèce a pourtant impérativement besoin. Outre ce nouveau délai, les ministres des Finances européens, réunis pour deux jours pour le forum de l'Eurogroupe à Wroclaw, en Pologne, ont également échoué à trouver un accord sur les garanties demandées par la Finlande. Face à ces atermoiements, la bourse de Paris a clôturé en baisse
Les tergiversations européennes commencent d'ailleurs à irriter les Etats-Unis, qui montrent de plus en plus de signes d'impatience. Washington a exhorté la zone euro à mobiliser plus d'argent face à l'aggravation de crise de la dette qui inquiète le monde entier et à mettre fin à ses divisions. Convié exceptionnellement à la réunion des ministres européens, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est alarmé des divisions en Europe sur les meilleurs moyens de régler la crise. Ces propos ont été très modérément appréciés par les intéressés. L'Allemagne a rejeté la proposition américaine affirmant qu'on ne pouvait plus puiser davantage dans l'argent des contribuables, mais qu'une ponction sur les marchés via une taxe sur les transactions financières, y compris aux Etats-Unis, permettrait de dégager les fonds nécessaire. Problème : Washington est fermement opposé à cette taxe. C'est donc l'impasse.

Prêt vital pour la Grèce
A Wroclaw, l'annonce de report du déblocage du prêt a été faite par le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire,
Jean-Claude Juncker : "Nous prendrons notre décision sur la prochaine tranche d'aide en octobre, en nous fondant sur les déclarations de la troïka". L'objectif pour cette "troïka", qui regroupe les bailleurs de fonds (UE, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), est de prendre une décision au début du mois en vue d'un décaissement de l'argent "mi-octobre", a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Précision utile : cette tranche d'un montant de 8 milliards d'euros tiré du premier plan d'aide à la Grèce décidée en 2010, devait initialement être versée courant septembre. Elle est vitale pour Athènes, qui sans elle, se retrouverait en faillite au mois d'octobre. Mais pour Olli Rehn, c'est une manière de mettre une fois de plus la pression sur Athènes : "La balle est dans le camp de la Grèce", affirme-t-il, estimant que la mise en oeuvre totale des mesures d'austérité reste cruciale pour la Grèce. De son côté, le gouvernement grec a déjà reconnu qu'il n'avait pas atteint les objectifs budgétaires fixés par ses créanciers, à cause d'une récession plus dure que prévu, mais qu'il avait la "détermination" de poursuivre les efforts demandés. Vendredi, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a exhorté la Grèce à tenir ses promesses de réformes en matière budgétaire. Afin d'accélerer le processus, le ministre des Finances grec Evangelos Venizelos tiendra lundi une téléconférence avec des inspecteurs de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international.

Mais la Grèce n'est pas le seul problèmen rencontré au forum de l'Eurogroupe. Il y a aussi les exigences demandées par certains pays du Nord, réputés plus vertueux en matière de gestion budgétaire, et qui voient d'un mauvais œil les demandes de rallonge de la Grèce. La Finlande en fait partie. Concernant la question des garanties exigées par Helsinki, en contrepartie de nouveaux prêts à la Grèce dans le cadre d'un deuxième plan de sauvetage de près de 160 milliards d'euros en cours de préparation, la zone euro ne peut qu'avouer implicitement un blocage : "Des progrès ont été réalisés" mais aucun accord n'a été trouvé, a ainsi indiqué Jean-Claude Juncker. Plus tôt, la ministre finlandaise des Finances avait fait part de son scepticisme quant à une issue positive sur ce point.

Mise en gage de terres grecques
La question de garanties "collatérales" empoisonne les relations au sein de la zone euro depuis plusieurs semaines et retarde la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce, d'environ 160 milliards d'euros, décidé le 21 juillet. En échange de nouveaux prêts à la Grèce, Helsinki a obtenu l'assurance de recevoir des garanties financières. Une disposition qui fait des envieux au sein de la zone euro, certains pays comme l'Autriche, les Pays-Bas et la Slovaquie souhaitant obtenir le même traitement de faveur. Ce qui risque de ralentir encore plus son processus de validation. Autre écueil : la forme prise par ces garanties qui doit être acceptée par les 16 autres membres de la zone euro et qui ont d'emblée exclu les paiements en liquide. Parmi les pistes évoquées: mettre en gage des terres grecques ou donner des participations dans des entreprises grecques.

Quoiqu'il en soit, la requête des Finlandais, qui émane du parti eurosceptique au pouvoir à Helsinki, est devenue un vrai casse-tête pour la zone euro qui doit éviter d'affaiblir le plan de soutien à la Grèce et éviter que trop d'Etats demandent ensuite le même traitement.

Aucun commentaire: