samedi 17 décembre 2011

Etats-Unis : la perpétuité à 12 ans ?

A son âge, la plupart jouent à la Play Station ou dévorent le dernier Harry Potter. Lui, croupit dans une cellule de Floride, une cellule dans laquelle il restera peut-être enfermé jusqu'à la fins de ses jours. Cristian Fernandez n'a que 12 ans. Son visage est celui d'un bambin, les joues encore potelées. Dans quelques mois, il sera pourtant jugé pour meurtre avec préméditation devant la cour d'assises de Jacksonville.
Et malgré son jeune âge, Cristian Fernandez sera jugé comme s'il était un adulte. Il risque donc la réclusion à perpétuité. Le procureur affirme que s'il a beau n'avoir que 12 ans, Cristian Fernandez est un monstre : il est accusé d'avoir violemment jeté son petit frère, David, âgé de deux ans, contre une bibliothèque. Le geste était tellement brutal, affirme l'accusation, que David ne s'est jamais relevé. Il est mort d'une hémorragie cérébrale et d'une fracture de la boîte crânienne. Ses avocats martèlent quant à eux que Cristian est bien trop jeune pour être jugé comme un adulte et qu'il n'était pas conscient de la gravité de ses actes.

La mère de Cristian aussi a été incarcérée : elle est accusée de non-assistance à personne en danger. Les policiers ont découvert qu'après l'accident, elle est allée sur internet et a recherché à 10h34 les mots "traumatisme crânien" puis quatre heures plus tard, à 14h38, "que faire quand un enfant est inconscient". Ce n'est qu'une heure après qu'elle a appelé l'hôpital. Le médecin de garde a déclaré au policier que si l'enfant avait été amené en urgence, il aurait pu être sauvé.
2.300 mineurs condamnés à perpétuité
Juger un jeune devant une cour d'assises ou un tribunal correctionnel pour adultes est fréquent aux Etats-Unis. Dans les années 90, pour lutter contre la violence des mineurs et l'explosion des gangs de jeunes, la quasi-totalité des Etats ont en effet abaissé l'âge de la majorité pénale. Chaque année, près de 200.000 jeunes sont ainsi déférés devant un tribunal pour adultes. La plupart sont des adolescents âgés de 16 ou 17 ans. Mais certains ne sont encore que des enfants. Ces jeunes ne bénéficient alors d'aucun régime légal particulier et leur sentence est souvent identique à celles imposées aux adultes.

En 2009, la Cour Suprême a cependant estimé que les mineurs ne pouvaient plus être condamnés à mort. Mais ils peuvent toujours être condamnés à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle (voir notre reportage ci-contre). C'est le cas de 2.300 jeunes qui purgent aujourd'hui cette "peine de mort lente", comme elle est souvent appelée dans des pénitenciers américains.

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