vendredi 27 janvier 2012

Aix : Claude Filippi condamné pour outrages sur les gendarmes

Claude Filippi, le maire UMP de Ventabren, aurait préféré laver son linge sale "en famille". Ou en tout cas, en comité restreint, avec les gendarmes d'Eguilles d'un côté, "ses" témoins de l'autre, les magistrats en face. C'était, selon son avocat Me Passet, pour la "sérénité des débats" , et parce que tout cela a "des répercussions sur sa famille" . Mais de huis clos, le procureur Pascal Guinot, un homme pourtant serein de nature, n'a pas voulu en entendre parler : "Il cherche à éviter que ses administrés ne soient informés de la façon dont il se conduit mais c'est lui qui se met dans ces situations. Accepter un huis clos, ce serait chasser la presse des prétoires". Alors la presse est restée.
L'affaire jugée hier au tribunal correctionnel d'Aix opposait le maire de Ventabren, à deux gendarmes, qu'il aurait outragés le dimanche 13 mars 2011, dans la matinée. Les hommes de la maréchaussée avaient débarqué dans ce splendide village provençal, une vraie carte postale, à la suite d'une échauffourée entre le maire, accompagné de son frère expert en karaté, et des opposants qui distribuaient des tracts. "Une distribution ordurière de tracts diffamatoires" , trépigne aussitôt l'élu. A-t-il traité les gendarmes, intervenus (selon eux) pour éviter de possibles troubles à l'ordre public, de "salauds" , "enculés" , "sous-gendarmes" ?, lui demande la présidente Stelina Boresi. Claude Filippi ne s'en souvient pas, il était en "très grande souffrance physique" , il avait une main cassée. Ce qui n'est pas sans effet sur la mémoire, c'est bien connu. De toute façon, "ce n'est pas dans mon éducation, de tenir des propos comme ça". Soit.
Un stress électoral?
En revanche, il se souvient bien (et cinq témoins viendront l'attester, malgré quelques divergences, à la barre), "le gendarme m'a empoigné dès son arrivée ! " Un témoin ajoute : "Oui, oui, le gendarme il a attrapé le maire par son col !" Tous s'accordent à dire, en revanche, que c'était plutôt... chaud. Et que le maire avait perdu son calme. Les hommes de la brigade d'Eguilles, pour leur part, maintiennent être intervenus pour rétablir l'ordre, et pour éviter que la tension ne grimpe davantage, entre le maire et ses "fanatiques" opposants, comme il les qualifie.
"Le maire a envenimé la situation. Aujourd'hui, reconnaît-il avoir perdu les pédales, dans un stress électoral (Ndlr : c'était une semaine avant le premier tour des élections cantonales) ?", demande Me Nicolas Besset, l'avocat d'un gendarme."Non, il crie au complot contre les gendarmes ! Et depuis, il a passé des coups de téléphone ici et là, notamment à l'inspection générale de la gendarmerie, pour dire tout le mal qu'il pense de cette intervention !"
2 000€ d'amende et 3 mois de sursis
Même sévérité du procureur Guinot : "Monsieur Filippi sait comment saisir un tribunal en cas de diffamation. Mais là, non, il met sa fille dans sa voiture et va au contact ! Alors je vous préviens, il n'y a pas de la part du Parquet de volonté de vous poursuivre, monsieur Filippi mais vos propos sont indignes d'un élu de la République !" Il requiert trois mois d'emprisonnement avec sursis.
En défense, Me Éric Passet reprend le contexte avant tout : "Une semaine avant les élections, il apprend qu'une campagne de distribution de tracts illégale est menée contre lui, sur la voie publique ! Ce dimanche-là, il y a un attroupement, notent les gendarmes, avenue du général de Gaulle. Et les gendarmes ne font aucune sommation pour les disperser !" Il rappelle la main cassée du maire à l'époque des faits, l'attitude des deux militaires, rappelée à plusieurs reprises par les témoins, "qui sont des gens de bonne foi à qui on n'a pas appris la leçon".
Claude Filippi sera reconnu coupable d'outrages à personnes dépositaires de l'autorité publique, et condamné à trois mois de prison avec sursis, le tout assorti d'une amende de 2 000 euros.
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/aix-claude-filippi-condamne-pour-outrages-sur-les-gendarmes

Aucun commentaire: