samedi 18 février 2012

Abus de confiance et escroquerie chez Point S

Quand il était directeur commercial du Point S de Condren, cet homme aurait, entre autres, profité d'enveloppes de billets.
C'était une pratique courante dans cette société. Alors quand il a pris ses fonctions, il a suivi le mouvement sans chercher à comprendre. C'est en tout cas ce qu'a expliqué l'ancien directeur commercial de l'enseigne Point S de Condren hier, devant les juges du tribunal correctionnel de Laon. Il comparaissait pour plusieurs escroqueries et abus de confiance. On parle d'abord de la revente de pneus usagés moyennant des enveloppes en espèces. « Des déchets », affirme l'ancien directeur. « Des déchets, certes, mais qui appartenaient à l'entreprise. L'argent, lui, finissait dans vos poches », rectifie le président. « J'en percevais une partie, mais c'est bénin au regard du chiffre d'affaires de la société. » Une partie, car il affirme que le PDG des dix-neuf agences Point S était au courant et même qu'ils se partageaient les espèces quand il y en avait, ce que l'intéressé dément formellement. « Quel intérêt sinon de porter l'affaire devant la justice ? », dira son avocat. D'ailleurs, le patron a été entendu en tant que témoin assisté mais n'a pas été mis en examen.
À cet homme, on reproche également d'avoir tiré profit de la revente de deux véhicules de fonction. Une partie a été payée en chèque, quasiment autant si ce n'est plus en liquide, une somme qui, cette fois encore, aurait terminé entre les mains du prévenu. Au président qui lui demande pourquoi il a conservé cet argent qui appartenait à la société, il hésite quelques secondes, puis répond évasivement que « c'était pour faire des espèces » sans convaincre son auditoire.
Le directeur commercial aurait également passé des commandes au nom de la société pour son compte personnel, notamment des pièces détachées pour son quad. De plus, il aurait fait faire des réparations sur son véhicule ainsi que sur celui de ses proches sans débourser le moindre centime. « Cela est permis par la direction à deux conditions : les employés doivent le faire en dehors de leur temps de travail et avec des pièces qu'ils ont payé. Dans votre cas, le matériel a été acheté par la société et les réparations ont été effectuées par les employés sur leur temps de travail », souligne le président qui évoque encore la vente d'une voiture de l'entreprise à sa fille pour 100 euros alors même que des réparations pour près de 900 euros venaient d'être faites. Il a enfin dû s'expliquer sur des travaux faits à son domicile par un employé sur son temps de travail, et avec des matériaux payés par l'entreprise.
L'avocat de la défense ne veut pas croire une seule seconde que le pot aux roses a été découvert à cause d'un écart de trésorerie. « La comptabilité peut être visionnée en temps réel, on ne me fera pas croire qu'on a découvert cela d'un coup. Je ne sais pas pourquoi, mais on a tout simplement voulu se séparer de mon client », estime Me Vignon pour qui « ce dossier en cache d'autres. S'il n'avait pas contesté son licenciement pour faute lourde devant le tribunal des prud'hommes, cette plainte devant votre juridiction n'aurait pas existé. Les agissements dont on parle avaient lieu au vu et au su de tous, patron et salariés. Il y a peut-être eu un appauvrissement, minime, de la société, mais certainement pas d'abus de confiance ou d'escroquerie ».
Selon lui, la relaxe s'impose. Les juges se sont donnés jusqu'au 8 mars pour en décider.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/abus-de-confiance-et-escroquerie-chez-point-s

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