Le tribunal de Metz a ordonné hier le maintien d'un rémois d'origine guinéenne en France. Les juges ont rejeté la demande de l'Etat.
« Si Demba a demandé, en 2007, la possibilité d'être accueilli en France et que ce droit lui a été accordé, c'était pour trouver un traitement correct de son hépatite B. Aujourd'hui, en voulant le renvoyer dans son pays, on le condamnait à une mort certaine faute de soin ». La compagne de Demba est soulagée. Hier le tribunal de Metz en charge des expulsions du territoire a décidé de ne pas suivre les demandes de l'Etat réclamant son départ de France pour son pays d'origine, la Guinée. Les magistrats ont jugé que les conditions de santé de Demba Camara n'étaient pas en phase avec une expulsion. Famille, proches, associations et certains partis politiques ont poussé un grand ouf de soulagement.
L'histoire de Demba Camara est ubuesque. Il y a quelques jours, il se présente à la préfecture de Châlons pour y obtenir des papiers et bonne et due forme. Il sera en fait arrêté et transféré rapidement vers le centre de rétention administratif de Metz en attente d'une décision de justice. Maintenu en détention jusqu'à hier, jour de son passage devant les juges, Demba Camara est finalement ressorti du tribunal libre. Il a même un rendez-vous à la préfecture pour une nouvelle délivrance d'autorisation à demeurer sur le sol français pour raison médicale.
Tout pour s'intégrer
Il débarque en France il y a cinq ans sur injonction des médecins qui, en Guinée, ne sont plus en mesure de le soigner correctement. L'Etat français accepte de l'accueillir. Ses conditions de santé s'améliorent, il travaille durant quelques mois à Paris avant de prendre la direction du département de la Marne. Il y rencontre une compagne, trouve un nouveau job dans la cité des Sacres. « Il a tout le temps travaillé, il est content de payer des impôts. Il était intégré et devait signer son CDI dans une enseigne de restauration dans quelques jours » confie sa compagne, feuille d'imposition en mains.
Contexte politique
L'affaire de l'expulsion de cet homme malade n'a pas tardé à faire réagir les associations et partis politiques de gauche. Le mouvement des Jeunes socialistes a condamné « les quotas du ministère de l'Intérieur ». SOS Racisme est lui, très remonté. « Il ne faut pas se leurrer, nous sommes à 80 jours de l'élection présidentielle. Cette tentative d'expulsion, c'est aussi le signe d'un tour de vis durant une campagne politique. On était prêt à renvoyer un homme malade et qui risquait une dégradation rapide son état de santé en Guinée. C'est inadmissible » explique Iman Mamiani, trésorière de la section rémoise de SOS Racisme. Hier soir, Demba Camara est donc rentré parmi les siens à Reims et pourra se soigner convenablement. Il ne reste plus à la préfecture qu'à lui délivrer de nouveaux papiers.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/expulsion-annulee-in-extremis-malade-demba-restera-en-france
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