mercredi 29 février 2012

Marseille : l'agresseur d'un contrôleur était en "errance psychique"

Son uppercut avait stoppé la circulation des trains entre Marseille et Nice et appelé les commentaires du ministre des Transports. L'agression, le 9 décembre dernier à 5 heures du matin, d'un contrôleur, à la gare Saint-Charles, entraînait l'exercice immédiat du droit de retrait des agents de la région. Prise sur le portable de sa collègue, la photo du visage de la victime, en sang et les yeux pleins de stupeur, a dû jouer dans cet arrêt de travail spontané et l'annulation de nombreux trains. Un autre visage, celui de l'agresseur, Anthony, 19 ans, hier devant le tribunal correctionnel, est celui d'un jeune homme marqué par la maladie mentale et les traitements lourds.
Sanglé dans une doudoune, il ne se souvient "plus bien" de ce matin-là. Anthony fume sur le marchepied du wagon, le contrôleur lui rappelle l'interdiction, demande son billet. Le voyageur n'en a pas. "Vous avez encore un quart d'heure pour aller l'acheter sinon ce sera dix euros de plus dans le train". Pour toute réponse à ce conseil, le contrôleur reçoit une bordée d'insultes : "Tu fais un métier de merde, un boulot pourri". La caméra de surveillance établit que le jeune voyageur a porté le premier coup, un uppercut au visage. Formé en Thaïlande à la boxe thaï, le coup est professionnel et fait très mal. Le contrôleur rattrape Anthony qui s'enfuit, il n'a pas le dessus et encaisse de nouveaux coups.

En "errance psychique"

"Ces violences portent atteinte à la personne du contrôleur qui a subi un fort retentissement psychologique, dit le procureur Christophe Barret. C'est une violence commise contre un service public et contre la collectivité". Depuis le 9 décembre, la justice s'est intéressée à la personnalité d'Anthony, en "errance psychique" au moment des faits, selon son avocate Me Carla Sammartano.

En rupture de traitement surtout : "Je ne sais pas pourquoi je l'ai arrêté, je croyais que je n'en avais plus besoin". Les cachets provoquaient tour à tour hypersomnie et insomnie qu'Anthony combattait, ce jour-là, par un voyage sans motif à Saint-Raphaël. En prison jusqu'au 14 janvier, le jeune homme a fait plusieurs séjours au Service médico-psychiatrique régional et a même été hospitalisé d'office.

Fini le shit, fini l'alcool

"Aujourd'hui, ça va", bafouille-t-il au président Guy Pisana. Fini le shit, fini l'alcool - "Je suis schizophrène, c'est peut-être dû au cannabis, j'ai plus intérêt à en prendre" -, reprise d'un traitement de cheval, hébergement chez son père et envies de monter une société d'aide à la personne. Un expert-psychiatre estime qu'Anthony était atteint au moment des faits de troubles psychiques ayant "altéré de manière notable" son discernement et le contrôle de ses actes. "Je regrette", répète le grand adolescent mais le contrôleur n'est pas là pour l'entendre, toujours en arrêt maladie, précise son avocate Me Vanina Cianfarani.
Le tribunal l'a condamné à dix mois de prison dont neuf avec sursis assorti d'une mise à l'épreuve avec obligation de travailler et d'indemniser la victime. Anthony va mieux, "un mal pour un bien", glisse le président. Mais "à quel prix pour l'agent", ajoute le procureur.

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/marseille-lagresseur-dun-controleur-etait-en-errance-psychique

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