vendredi 23 mars 2012

Montbéliard : un proxénète condamné

Abdeslam Anjguar partait déjà avec des a priori négatifs. Prévenu de proxénétisme, le quadragénaire qui vit aux crochets de ses parents à singulièrement aggravé son cas par son attitude à la barre. Après avoir contraint son ex-compagne à se livrer à la prostitution, il l’a littéralement salie. Des propos parfois « teintés de moquerie », convient le propre avocat du proxénète. Anjguar rencontre celle qui va devenir son amie dans un bar, en juin 2011. Elle l’invite chez lui. Rapidement, il fait part de son intention de se livrer à des cambriolages avec son fils. « À moins que t’aies autre chose à proposer », lance-t-il à la dame, handicapée à 80 %. De sous-entendus en incitations, il l’oriente vers les chemins de la prostitution. « Ben elle faisait déjà ça, il y a 25 ans à Lyon », balance-t-il à la barre avant de vomir sur cette femme et dénigrer l’éducation qu’elle donne à ses enfants.

« Vous êtes un parasite »

Trop c’est trop ! Le président Troilo explose : « Vous êtes un parasite ! Vous venez donner des leçons alors que vous n’êtes pas fichu de payer une pension alimentaire à vos enfants. Vous mettez une femme sur le trottoir et là vous venez nous dire que c’est une salope ! » La dame encaisse les saillies verbales de son ex-compagnon. Elle rapporte comment il l’a tabassé un jour, comment aussi il relevait les compteurs toutes les deux passes, comment il l’a laissée se dépatouiller seule ce jour où un homme a cherché à l’agresser. Il n’a pas levé le petit doigt. Comment encore il dilapidait l’argent (des passes et de l’allocation Cotorep) au PMU. « L’argent ? Elle me défrayait pour l’emmener sur les parkings (à Voujeaucourt et Sochaux) et pour mes cigarettes », ose encore le prévenu qui ajoute qu’il ignorait que ce qu’il faisait était illégal. M e Roy, l’avocat de la dame, n’en peut plus. « Vous êtes un marchand de chair humaine », lance-t-il écœuré à Anjguar. Il parle du « préjudice irréparable » causé chez cette femme « manipulée », parle du « costume de scène acheté 60 €» pour que madame soit plus affriolante et du voyage fait à Belfort auprès d’une autre prostitué pour se renseigner sur les tarifs à pratiquer. Il évoque enfin les insultes « sale pute », dont le prévenu gratifiait la victime. Le procureur Pascal cimente ses réquisitions sur les fondations d’une solide enquête de gendarmerie et requiert un an de prison dont six mois ferme. M e Roller, l’avocat de la défense, cherche à lutter « contre la vision manichéenne qui semble se dégager. Mon client n’est pas le dangereux prédateur que l’on dépeint. Il a peut-être une conception de la femme différente de la nôtre… »
Le tribunal a apprécié… et est allé au-delà des réquisitions. Abdeslam Anjguar est condamné à deux ans de prison dont un ferme, avec maintien en détention. Il devra aussi verser 5.000 € à son ex-compagne pour laquelle il n’a eu aucun mot de compassion ni de repentance
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/03/23/un-marchand-de-chair-humaine

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