jeudi 5 avril 2012

Le ras-le-bol du maire

Cela fait des années que ça dure Mais cette fois pour Claude Ancelme la coupe est pleine. Face aux allers et venues incessants des gens du voyage et au cortège de plaintes des riverains qu'ils drainent dans leur sillage, le maire a décidé de pousser un coup de gueule.

IL y a eu le terrain de l'ancienne gare en fin d'année dernière puis ça a été au tour de la rue de Taine et des bords de l'Aisne. Actuellement, c'est la rue des Artisans. Depuis des mois et même des années, les caravanes des gens du voyage envahissent régulièrement les rues du Vouziers. Avec dans leur sillage, un cortège de plaintes qui affluent vers la mairie. Sauf qu'aujourd'hui, Claude Ancelme a en assez. Le maire a décidé de frapper du poing sur la table et, par la même occasion, de mettre les points sur les « i ». « J'en ai ras le bol. J'y pense sans arrêt. Cette situation me ronge. Les gens pensent que je ne fais rien mais le maire que je suis est complètement seul pour gérer cette situation. »

A la tête d'une commune de moins de 5.000 habitants, Claude Ancelme n'est pas soumis à l'obligation de réaliser une aire d'accueil (1). Mais il doit répondre à un devoir jurisprudentiel d'accueil des gens du voyage (2). En clair, la commune doit permettre la halte des itinérants sur des terrains qu'elle leur indique pendant une période minimale de 48 heures. Il y a plus de 3 ans, la municipalité a donc fait aménager une plateforme au Carrefour Sainte-Marie afin que les caravanes puissent y stationner. « Mais ils n'y vont pas, déplore le maire. Ils stationnent aussi bien sur les trottoirs que sur la chaussée. Lorsqu'ils étaient rue de Taine, ils étaient garés contre les maisons. Les riverains n'en pouvaient plus ».

Aire d'accueil : la solution ?
Bien sûr, Claude Ancelme a tenté de prendre des mesures. Mais dépourvu de la compétence « gens du voyage » (3), sa marge de manœuvre est plus que réduite. « Tant que l'aire d'accueil ne sera pas construite, je ne pourrai rien faire. Je ne dispose pas de la base légale pour intervenir. Pourtant, j'ai déjà tout tenté pour les expulser. Je suis régulièrement en contact avec les gendarmes mais eux aussi sont coincés. Je sais qu'ils sont désarmés, car eux non plus ne peuvent pas grand-chose face aux nuisances provoquées par leur présence. » Une situation qui est forcément mal comprise par les Vouzinois à l'instar de Fabrice et Sophie, domiciliés rue de Taine : « Ils s'étaient garés devant notre portail. Lorsqu'on se levait le matin, on avait vue sur les caravanes. Les gamins venaient chercher les jouets dans notre cour. C'était bruyant. J'ai appelé plusieurs fois la gendarmerie, mais on ne leur dit rien. Ce qui est vraiment rageant, c'est lorsqu'on va à la mairie et qu'on nous dit qu'ils ne peuvent rien faire. »
Claude Ancelme ne compte plus les pétitions et autres lettres de protestations qu'il reçoit régulièrement. Désabusé, le maire doit se contenter de regarder s'allonger la liste des nuisances enregistrées au gré du passage des gens du voyage. « Lorsqu'ils partent, on récupère deux à trois camions de détritus. Lorsqu'ils étaient à l'ancienne gare, ils s'étaient branchés sur une borne électrique privée. Rue de Taine, ils se sont raccordés sur la borne incendie. On relève de nombreuses dégradations. Je les respecte mais eux ne nous respectent pas. »
Face à une situation inextricable, Claude Ancelme avoue être « très en colère contre l'Etat ». « Ce n'est pas au maire de supporter tout ça. J'aimerais qu'une loi soit promulguée permettant aux maires et à la gendarmerie d'intervenir même en l'absence d'aire d'accueil. »


Le premier magistrat attend donc avec impatience le mois de juillet et l'ouverture de la structure. Mais pas sûr que cela constituera la solution idoine. En effet, l'aire d'accueil comptera quinze emplacements. Un chiffre qui paraît d'ores et déjà bien en deçà des besoins recensés. « A Vouziers, on comptabilise en moyenne une quarantaine de caravanes. De plus, les familles ne s'entendent pas et cohabitent rarement très longtemps. C'est pourquoi, ils se dispersent en permanence sur trois à quatre sites différents ». En attendant, Claude Ancelme a demandé aux gendarmes de faire respecter l'arrêté de non-stationnement sur les trottoirs et les chaussées. Une goutte d'eau qui permettra peut-être de faire cesser la vague de protestations.

(1) Loi Besson du 5 juillet 2000 relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage. (2) Arrêt du Conseil d'Etat « ville de Lille » du 2 décembre 1983. (3) Cette compétence dépend de la communauté de communes.


http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-ras-le-bol-du-maire

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