mercredi 11 avril 2012

Rodez. Il vole pour améliorer le quotidien de ses enfants

Stéphane (1) n'est certes pas un enfant de chœur. Son casier judiciaire fait état de sept condamnations pour des vols aggravés et des conduites de véhicule sans assurance. Il n'empêche que, ce mercredi, il a bénéficié d'une certaine mansuétude de la part du tribunal correctionnel de Rodez.
En fin de semaine dernière, ce Dunkerquois de 36 ans, établi dans le sud du département depuis une paire d'années, a été interpellé par les gendarmes qui enquêtaient sur une série de cambriolages survenue dans le hameau où habite le prévenu. Les militaires ont pu remonter sa trace grâce à une empreinte ADN relevée chez une de ses victimes.
Il apparaît cependant dans le dossier que Stéphane n'a pas cambriolé ses voisins par simple envie du bien d'autrui. Non, l'homme explique qu'après plusieurs années passées à Toulouse, il s'est établi en sud-Aveyron, dans une maison comportant une chambre pour chacun de ses enfants - une décision de justice le lui impose - parce que « les loyers sont moins chers ». Sauf qu'en Aveyron, les hivers sont rudes et que l'homme ne le cache pas : il a été « surpris ». Stéphane a donc dérobé du bois, du matériel de chauffage, une tronçonneuse et de la nourriture. « Cela ne l'excuse pas mais il a volé pour rendre plus vivable le quotidien de ses enfants », plaide son avocate, Me Garric.
Dans le même temps, le prévenu, lorsqu'il entend les demandes des parties civiles, avance que certaines victimes ont exagéré le nombre d'objets volés, d'autant que certains n'ont pas été retrouvés par les enquêteurs.

Le parquet n'accepte pas la notion de vol par nécessité

Pas de quoi convaincre la substitut du procureur de la République. « La revente de certains objets ressort du dossier. Il n'y a donc pas eu vol par nécessité », lance Caroline Bascoul qui, parce que Stéphane a des enfants, l'invite à « réfléchir à
[ses] responsabilités ».Elle requiert huit mois de prison, dont quatre assortis d'un sursis et d'une mise à l'épreuve comprenant les obligations de trouver un travail ou de suivre une formation professionnelle ; de subir de soins - le prévenu a confié avoir quelques problèmes avec l'alcool - d'indemniser les victimes ; et l'interdiction de revenir dans le hameau où il demeure. En revanche, la magistrate ne réclame pas de mandat de dépôt : « Il faut que le prévenu fasse ses preuves ».Des réquisitions suivies à la lettre par le tribunal. Exception faite de l'interdiction de retourner vivre dans le village du sud-Aveyron que le président d'audience, Jean-Marc Anselmi, n'ordonne pas. Il souligne cependant à l'intention de Stéphane : « Il est préférable pour tout le monde que vous déménagiez ».
(1) Prénom d'emprunt

http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/11/1328149-il-vole-pour-ameliorer-le-quotidien-de-ses-enfants.html

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