samedi 12 mai 2012

Roger, déboires à volonté

Entre Françoise et Roger, c'était une dispute de plus sur fond d'alcool. En récidive, il a écopé de treize mois de prison.

IL était une fois la misère sociale… Chômage, alcool et violences : là, c'est au tour de Roger d'incarner cette figure récurrente des prétoires. Au domicile de Bogny-sur-Meuse qu'il partageait avec son épouse, les gendarmes ont retrouvé « des centaines de bouteilles vides de rosé ».
Le 2 avril, Françoise, l'épouse, dit avoir subi une tentative d'agression sexuelle de la part de son mari. Ce qui est avéré : à l'aide d'un couteau de boucher, Roger a largement déchiré, de bas en haut, le pull de Françoise, également coupée à un doigt.
Chez ces deux-là, l'alcool est un cancer. Retrouvée rôtie et allongée par terre dans une station-service, Françoise a été condamnée deux semaines plus tôt pour conduite en état d'ivresse.

« On s'entend bien. À merveille ! »

Cette femme est une miraculée : en 2008, elle avait reçu une balle dans le ventre tirée par Roger à la carabine. Celui-ci avait écopé d'un an ferme et d'un an avec sursis, le caractère intentionnel n'ayant pas été retenu. Mercredi, cet épisode lui valait de comparaître en récidive pour « violences sans incapacité ».
« Je suis un peu désespérée », résume la présidente face au prévenu. Elle ne l'est pas moins quand Roger, accoudé à la barre comme au comptoir, tente d'abréger : « Oh, là, c'est vraiment le trou noir ». Cet ancien forgeron, désormais sans emploi, regrette ce dont il ne se rappelle pas. Il dit : « Franchement, depuis, je remonte bien la pente […] J'aurais bien voulu voir mon épouse pour me faire pardonner ». Et clame vainement : « Quand on n'a pas bu, on s'entend bien. A merveille ! ». Grondé par la présidente, Roger ronchonne : « C'est moi, c'est moi, c'est toujours moi. Mais c'est 50/50, moi, je vous le dis !
- Ah, pour l'alcool, ça, c'est sûr ! Mais pour les pulls découpés au couteau, par contre, c'est vous !
- Oh mais vous savez, j'en ai marre, moi…
- Oh moi aussi, j'en ai marre de vous voir, monsieur ! »
Le substitut du procureur, quelque peu désabusée par l'attitude du prévenu, requiert la peine plancher pour cette récidive : un an ferme. Et réclame la révocation partielle du sursis d'un an à hauteur de trois mois et le mandat de dépôt. L'avocate de Roger évoque un « couple infernal », ose un parallèle avec le film « Un crime au paradis » - Josiane Balasko et Jacques Villeret y incarnent un couple conflictuel - et propose un compromis : « Il ne faudrait pas que (Roger) aille encore avec sa femme mais il faudrait lui éviter la détention ».
Roger est condamné à treize mois de prison - un an de peine plancher et un mois de sursis révoqué - avec mandat de dépôt à Charleville-Mézières. Le coupable s'affaisse imperceptiblement : « Laissez-moi encore une chance, s'il vous plaît ». « La chance, elle vous avait été donnée la dernière fois, monsieur », ne peut que rétorquer la présidente.


http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/roger-deboires-a-volonte

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