lundi 31 décembre 2012

Trois morts dans les Pyrénées : les dangers de la montagne

Alors que la fréquentation des stations de ski connaît un boom depuis une dizaine d'années, le nombre d'accidents suit-il cette courbe ascendante ? La série noire de ces derniers jours pourrait le laisser croire.
- Lundi, un Béarnais de 18 ans est décédé, deux jours après une chute rarissime et encore inexpliquée d'un télésiège, à Gourette, dans les Pyrénées-Atlantiques.

- Mercredi, deux jeunes surfeurs de 26 et 14 ans succombaient au Grand-Tourmalet (65) et à Saint-Pierre-dels-Forcats (66) : le premier s'est brisé les vertèbres cervicales en tentant d'effectuer un saut périlleux sur une piste bleue ; le second est sorti d'une piste rouge et a foncé dans un arbre.
- Vendredi, un surfeur russe d'une vingtaine d'années s'est tué en heurtant un rocher dans le domaine skiable d'Orelle, en Savoie, après avoir quitté une piste balisée.
Ces drames, pour lesquels des enquêtes ont été ouvertes, viennent cruellement rappeler les dangers de la pratique du ski. Mais ne doivent pas occulter le fait que le nombre d'accidents dans les stations françaises est stable depuis dix ans et tourne autour d'une intervention de secours pour 12 000 passages en remontées mécaniques, selon le Système national d'observation et de la sécurité en montagne, un service créé en 1996 par les ministères de l'Intérieur, de la Défense et des Sports pour collecter, traiter et analyser les accidents liés aux pratiques sportives et ludiques en montagne.
En 2011, 13 personnes ont péri dans les domaines skiables de l'Hexagone et 50 000 opérations de secours y ont été réalisées. La même année, entre 5 000 et 8 000 opérations ont été effectuées en montagne, où 181 personnes, des alpinistes, des randonneurs, des skieurs de rando, etc., sont mortes dans cet espace de liberté totale.
Réglementation drastique
Ce que ne sont plus les stations de ski depuis la fin des années 1990, point de départ d'un renforcement de la réglementation et de la sécurité. « Aujourd'hui, les contrôles sont drastiques. Si vous prenez les remontées mécaniques, qui sont en France un service public de transport, elles doivent toutes faire l'objet d'inspections quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles et annuelles, qui sont vérifiées par l'État, comme les métros ou les tramways. À cela s'ajoute un règlement de police pour chaque machine qui fixe les consignes d'usage. Pour les pistes, c'est un peu comme sur la route : les exploitants ont l'obligation de proposer un espace damé et sûr », explique Laurent Reynaud, le délégué général de Domaines skiables de France, qui représente les professionnels du secteur.
C'est ainsi que des matelas ont fleuri sur à peu près tous les poteaux que comptent les pistes de ski de France, ou encore que se sont multipliés les filets pour empêcher les sorties de piste dangereuses.
Pression judiciaire
Car dans le même temps, la pression judiciaire s'est accrue. Et de lourdes peines ont été prononcées. Celle, en décembre dernier, de la commune de Font-Romeu, condamnée à payer 1 million d'euros à une jeune femme devenue tétraplégique à la suite d'un accident de ski, il y a quinze ans, est encore dans tous les esprits. Quelques mois plus tard, Domaines skiables de France a d'ailleurs lancé un chantier de réflexions intitulé « Améliorer le sentiment de sécurité et réduire l'accidentologie », sur lequel planche Jean-Yves Salle, le directeur général des Deux-Alpes Loisirs et de Serre-Chevalier Valley.
« La sécurité est notre priorité. Malheureusement, il y a toujours une accidentologie résiduelle et on fait tout pour lutter contre ça », assure Laurent Reynaud. Et ce dernier de rappeler que, sur la vingtaine d'accidents déplorés chaque année sur les 700 millions de passage en remontées mécaniques, 97 % sont dus à l'usager lui-même ou à un tiers, et 3 % viennent d'un problème sur le matériel. Sur pistes, contrairement aux idées reçues, les collisions entre skieurs sont loin d'arriver en tête des causes d'accident (6 %), même si elles s'avèrent souvent graves. La plupart du temps, le pratiquant chute seul.
Éduquer les skieurs
« Beaucoup d'incidents ont pour origine un comportement inadapté du skieur. Ce qui est le plus difficile à maîtriser et à prévoir », confie Laurent Dourrieu, le directeur de l'Epsa, l'Établissement public des stations d'altitude qui gère Gourette et la Pierre-Saint-Martin pour le compte du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques.
Impossible de mettre un pisteur derrière chaque pratiquant. Alors les stations, qui n'ont longtemps communiqué que sur l'aspect ludique, ont fini par se mettre à la sensibilisation. Les Pyrénées ont d'ailleurs été pionnières en la matière, avec l'opération « Glisse pas perso », lancée en 1997. Les Alpes, elles, développent depuis trois ans des « villages prévention », dont le but est de rappeler aux skieurs les règles de bonne conduite. Mais pour l'heure, ces initiatives n'ont pas fait baisser le nombre d'accidents.
« Car la prévention ne doit pas se faire que dans les stations, il faut qu'elle se développe en dehors, notamment par le biais des médecins. Et là-dessus, il y a encore du boulot. Peu de gens s'y intéressent », se désole Éric Duaso, kinésithérapeute à Bizanos, en Béarn, et membre de l'association des Médecins de montagne. Qui préconise d'avoir une bonne préparation physique avant de s'élancer sur les pistes pour « éviter la casse », de porter le casque et de faire très attention au réglage de ses fixations, « source potentielle d'entorses du genou », l'une des principales blessures au ski.

http://www.sudouest.fr/2012/12/30/plus-de-securite-mais-autant-d-accidents-921519-7.php

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