mardi 29 janvier 2013

Quimper. Jugés pour avoir assisté à un crime sans réagir

En 2008, une nuit de violences avait coûté la vie à un Quimpérois de 25 ans. Son dealer l’avait torturé à cause d’une dette de 140 €. Trois hommes avaient assisté à la scène. Jeudi, ils comparaîtront devant le tribunal.
« Saigné comme un chien. » Tels avaient été les mots de l’avocat général lors du procès en assises de Malick Sy, meurtrier de Sébastien Realland, en 2010. Ce dernier avait été tué, dans la nuit du 30 au 31 mars 2008, pour une dette de 140 € de cannabis. Fin 2010, le dealer a été condamné à douze ans de réclusion criminelle pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Jeudi, un nouvel épisode va s’ajouter au dossier : le procès en correctionnelle de trois hommes présents durant cette nuit de sang. Ils comparaissent pour abstention volontaire d’empêcher un crime ou délit contre l’intégrité d’une personne.
Des coups de poêle
 
Malick Sy, alors âgé de 22 ans, avait saisi tout ce qu’il trouvait à sa portée pour supplicier Sébastien Realland, 25 ans. Lors de cette nuit, dans un appartement de la rue de Concarneau, à Quimper, des coups de poêle, de bouteille de whisky et de couteau avaient été assénés. Cette dernière arme est celle du crime. Il l’avait saisie dans la cuisine pour atteindre plusieurs parties du corps dont le thorax de la victime. L’aorte est touchée. La blessure est fatale. « Je ne suis pas quelqu’un de violent. Je l’ai été le jour de la tragédie. Les coups sont partis, je ne pensais à rien. Je voulais lui faire peur. Mais ça ne me suffisait pas. Je voulais lui donner une leçon. Jamais je n’aurai pensé mettre fin à ses jours », avait raconté Malick Sy lors de son procès devant la cour d’assises du Finistère.
« Personne n’a agi »
Alors que le bourreau de Sébastien Realland le violentait, les personnes présentent dans l’appartement étaient restées passives. Pas d’appel au secours lors du supplice du jeune Quimpérois. Et quand l’un d’eux averti les pompiers, il prend le soin avant, de nettoyer les traces de sang sur le palier de son appartement. Durant le procès de Malick Sy, les trois jeunes ayant assisté au meurtre s’étaient expliqués à la barre de la cour. L’un avait déclaré « Je n’ai pas eu le cran. Et je n’avais plus d’unité pour appeler les secours avec mon téléphone portable ». Un autre : « Je n’ai pas pensé à téléphoner aux pompiers ». L’auteur des coups (dont dix recensés dans la jambe) avait donc quitté la scène tranquillement avant d’être interpellé, la nuit du drame, à proximité d’une boîte de nuit.
Pour Maître Ronan Garet, avocat du père et des trois frères de la victime, « les parties civiles attendent que les responsabilités des trois hommes soient établies. Elles souhaitent que la passivité de ces personnes soit reconnue. Ils ont appelé les secours, mais c’était trop tard. Personne n’a agi, ils ont laissé faire ».
Un fait divers tragique qui avait suscité l’émoi et l’indignation à Quimper. À la suite de ce drame, plusieurs marches silencieuses avaient été organisées. Lors du procès aux assises du meurtrier, la famille de la victime s’était habillée d’un tee-shirt à l’effigie de Sébastien.
 

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