samedi 30 mars 2013

Affaire Bettencourt : la lettre de menaces aurait été postée à Paris

La lettre reçue mercredi, au tribunal de grande instance de Bordeaux, destinée au juge d’instruction Jean-Michel Gentil est désormais entre les mains de la division criminelle et du groupe antiterroriste de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ). Les enquêteurs travaillent sous l’autorité de la section antiterroriste du parquet de Paris car des courriers semblables ont été reçus par les journalistes Jean-Pierre Elkabbach et Michaël Darmon, ainsi que par Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Le contenu de la lettre est pris très au sérieux par les policiers. D’autant que la missive est accompagnée d’une balle d’exercice de très gros calibre, de type fusil d’assaut. Son auteur a écrit à l’aide d’un ordinateur mais a pris sa plume - avec une calligraphie hésitante - pour rédiger l’adresse du procureur. Selon les premières investigations, l’ensemble des lettres pourrait émaner d’un seul et même groupe.
« Climat délétère »
Le courrier arrivé à Bordeaux aurait été expédié depuis un bureau de poste du 15e arrondissement, à Paris. Si son contenu est très inquiétant, il n’en demeure pas moins curieux. Signée de l’Interaction des forces de l’ordre Paris-Melun-Rouen-Caen-Cherbourg-Rennes, la lettre ne comporte pas de fautes d’orthographe. « Vous avez franchi l’irréparable, conditionné par votre idéologie, hérité de la Terreur et de la privation des Libertés. Regrettez que votre intelligence ne maîtrise pas, chez vous, une certaine indépendance d’esprit […] La Terreur ne renaîtra jamais, vous finirez comme vos tristes prédécesseurs lorsque nous aurons pu vous atteindre personnellement ou, à défaut, un membre de votre entourage. Le temps travaille pour notre organisation. »
Jean-Michel Gentil, comme les membres du Syndicat de la magistrature, sont taxés de « juges rouges révolutionnaires, socialo-soviétiques, totalitaires, enragés et engagés politiquement ». En fin de courrier, en post-scriptum, l’auteur prévient que « nos documents ne comportent ni empreinte ni trace ADN » et qu’il sera impossible de « loger quiconque » en examinant sa provenance.
« Quand vous stigmatisez un juge, que vous le montrez du doigt, il est évident que cela peut donner de mauvaises idées », déplore le juge antiterroriste Marc Trévidic, président de l’Association française des magistrats instructeurs. « Il y a des gens qui ont manifestement envie de créer un climat délétère à Bordeaux, comme il a été créé à Nanterre », où le dossier Bettencourt était instruit avant d’être dépaysé auprès de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs).
D’autres menaces de mort
Ce n’est cependant pas la première fois que de tels faits surviennent en Gironde. En 2009, Alain Juppé avait reçu à la mairie des menaces de mort par courrier, accompagné d’une balle de 9 mm. L’été 2011, lors de son concert à Arcachon, le tennisman chanteur Yannick Noah avait aussi été destinataire d’une enveloppe contenant une ogive.

http://www.sudouest.fr/2013/03/29/la-lettre-aurait-ete-postee-a-paris-1009067-4778.php

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