mercredi 9 septembre 2015

La présence supposée de soldats russes en Syrie met à mal le fragile équilibre diplomatique

La situation de la Syrie se noircit de semaines en semaines. Alors que la coalition internationale s’efforce d'affaiblir l’Organisation de l’Etat islamique (EI) dans le pays tout en évitant de renforcer le pouvoir de Bachar al-Assad, des soldats russes combattraient Daesh sur le front, aux côtés de l’armée régulière. Cette information complexifie encore un peu plus l’équilibre dans la région.
  • Des soldats russes en Syrie : info ou intox ?
Tout est parti de selfies postés sur le réseau social VKontakte, le Facebook russe, par de jeunes soldats russes en Syrie. Leurs tenues sont décontractées. Rien ne prouve qu’ils participent à des combats. Mais dans une vidéo, repérée par Le Monde, datée du 23 août et tournée par une milice pro-Assad, on entend nettement au milieu des fracas des hommes crier en Russe.
« Il n’y a aucune preuve, aucun cliché ou document certifiant la présence de soldats russes en train de combattre aux côtés des troupes de Bachar », souligne auprès de 20 Minutes Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS. Il ajoute : « On a des satellites, des drones. Les Américains survolent régulièrement la Syrie. Il devrait y avoir des preuves plus tangibles que des selfies. »
  • Obama condamne, Poutine nie
Face à ces doutes, Washington s’inquiète. « Le secrétaire d’Etat a dit clairement que si de telles informations étaient exactes, ces actions pourraient provoquer une escalade du conflit », a indiqué la diplomatie américaine qui n’exclue pas « un risque de confrontation avec la coalition ». De son côté, Moscou a démenti toute présence directe de soldats russes dans les combats. « Il est prématuré de dire que nous sommes prêts à y aller là, tout de suite », a récemment expliqué Vladimir Poutine. Des sources militaires au Kremlin se défendent en précisant que seuls des spécialistes et des conseillers russes ont été envoyés en Syrie pour accompagner l’armée de Bachar.
Quelles conséquences pour la coalition ?
Il n’y aura sans doute pas de confrontation directe, contrairement à ce que laissent entrevoir les Américains. « L’administration Obama a montré qu’elle ne voulait pas aller plus loin en Syrie. Le président a mis beaucoup d’énergie dans la signature d’un accord avec l’Iran et ne souhaite pas se perdre en Syrie », rappelle Dominique Colas, professeur à Sciences-Po. Par ailleurs, les Français qui effectuent des vols au-dessus de la Syrie pour obtenir des renseignements sur les positions de Daesh, ont besoin de l’accord des Russes pour entrer dans l’espace aérien puisque ces derniers disposent de missiles sol-air. « La Syrie est stratégique pour Poutine car l’accès à la Méditerranée est fondamental de son point de vue », ajoute Dominique Colas.
  • Vers une reprise en main des Russes ?
« Comment pourrait-on critiquer l’intervention russe en Syrie alors qu’on s’apprête à faire la même chose ? » questionne Philippe Migault. François Hollande n’a pas exclu la possibilité de frappes aériennes sur les positions islamistes dans la région, changeant ainsi de stratégie. Lui-même a reconnu que la solution passait par l’Iran et la Russie. Au risque de voir Bachar al-Assad se renforcer et retrouver sa souveraineté sur l’ensemble du territoire ?
http://www.20minutes.fr/monde/syrie/1682799-20150909-presence-supposee-soldats-russes-syrie-met-mal-fragile-equilibre-diplomatique

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