mercredi 9 novembre 2011

Soirée sanglante en Corse

Les enquêteurs insistent sur le fait que rien ne permet, pour l'heure, de relier les attaques entre elles. Elles se sont pourtant produites à quelques heures d'intervalle à peine, dans des conditions évoquant à chaque fois des règlements de comptes. La première fusillade a eu lieu à la mi-journée. Ange Pietrucci, 45 ans, a été tué au volant de sa voiture sur une petite route près du petit village de Haute-Corse, Casalta, à une quarantaine de km au sud de Bastia. Il était connu de la police comme proche d'un dirigeant de la bande bastiaise dite de la "Brise de mer", lui-même assassiné en 2009. L'enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie et aux gendarmes de la brigade de La Porta, un village voisin.
Puis vers 15 heures, c'est un entrepreneur de travaux publics, Fayçal Abakaoui, 37 ans, qui est tombé sous les balles d'un ou plusieurs tueurs, près du port, à l'extrémité de la rue principale de la station balnéaire de Propriano, en Corse-du-Sud. Il se trouvait également au volant d'un véhicule. Un important dispositif policier a été mis en place près du lieu du crime et le coordonnateur des forces de sécurité en Corse, Jean-François Lelièvre, s'est rendu sur place. Propriano avait déjà été le théâtre ces dernières années de règlements de comptes sur fond de contrôle de marchés de travaux publics et d'immobilier ainsi que de trafic de stupéfiants. Deux hommes, dont un repris de justice, y avaient été blessés par balles dans un guet-apens, survenu le 1er novembre dernier sur le port.
Des fusillades fréquentes
Mais la série sanglante de mardi ne faisait que commencer : trois personnes d'une même famille, dont une fillette âgée de dix ans, ont ensuite été blessées par balles mardi soir à Ajaccio. Les trois victimes étaient, là encore, en voiture, près d'une résidence proche de la Collectivité territoriale de Corse, dans le centre d'Ajaccio, quand elles ont essuyé les tirs d'un ou plusieurs tireurs. La fillette a été blessée à un bras, sa mère à une jambe et son père à un pied. Leurs jours ne sont pas en danger. Une voiture calcinée, qui a pu être utilisée par les agresseurs, a été retrouvée peu après. Le père de famille, Yves Manunta, 50 ans, avait déjà été blessé lors d'une tentative d'assassinat en 1996 à Ajaccio. Il militait alors dans une organisation nationaliste. Il a ensuite dirigé une société de sécurité à Ajaccio.
Enfin, une quatrième personne, blessée par balles en plein centre d'Ajaccio dans la soirée, a également été hospitalisée. La nature de ses blessures et les circonstances de ce nouvel acte de violence n'ont pas été précisées par les enquêteurs.
Depuis le début de l'année, pas moins d'une vingtaine d'assassinats ou de tentatives, dont une dizaine dans le cadre de règlements de comptes, ont été perpétrés en Corse. Le dernier homicide par balles avant les fusillades de ce mardi avait eu lieu 28 octobre. Un membre présumé de la bande bastiaise dite de "la Brise de mer", Christian Leoni, 49 ans, était tombé sous une dizaine de projectiles de gros calibre tirés par deux hommes cagoulés à Moriani-Plage, en Haute-Corse, alors qu'il sortait d'un restaurant.

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