jeudi 26 janvier 2012

L’hôpital de Gonesse jugé après la mort d’une patiente

C’est l’aboutissement de près de dix années de combat judiciaire. « On se battra jusqu’au bout », souffle Yves Marek, sur le banc des parties civiles du tribunal correctionnel de Pontoise. Sa mère est trop âgée pour être à ses côtés mais, depuis la de sa sœur le 31 octobre 2002 à l’hôpital de Gonesse, c’est ensemble et pour la mémoire d’Audrey qu’ils font leur possible pour obtenir la reconnaissance de la responsabilité de l’établissement et des médecins. 

Par deux fois, en 2007 et en 2011, le tribunal administratif de Cergy a retenu la responsabilité du centre hospitalier dans le décès d’Audrey, 40 ans, et accordé une réparation du préjudice à son frère et à sa mère. Cependant, les proches d’Audrey veulent que les deux médecins qui l’ont traitée soient « personnellement condamnés » pour « ne pas avoir mis en place une surveillance particulière de l’évolution » d’une pathologie et par une « négligence ayant entraîné une infection » sévère. Après de longues années de procédure, la
fait comparaître l’hôpital pour avoir involontairement causé la mort d’Audrey Marek… mais pas les médecins.

Jean-Pierre Burnier, directeur de l’établissement, était donc le seul prévenu hier. « Je suis directeur administratif, représentant légal, mais je ne suis pas médecin », prévient l’intéressé. D’ailleurs, il n’est pas non plus leur responsable hiérarchique.

« Ce qui est un peu gênant dans ce dossier, c’est que les médecins en question n’ont pas été entendus », s’étonne le
. « Je les ai recontactés avant l’audience, tous le regrettent », souligne Jean-Pierre Burnier. Le procureur rappelle que « le parquet avait demandé la mise en examen » d’un médecin au moins. Tandis que la défense évoque le « corps médical, le grand absent de ce procès! ».

Alors les débats ont tourné autour de l’éventuelle responsabilité du directeur dans l’organisation de l’hôpital qui aurait pu aboutir à la négligence de la surveillance de la patiente. Concrètement, qui aurait dû repérer l’infection qui s’est formée autour d’un cathéter posé à la patiente et qui a dégénéré en abcès? « Les infirmières y sont formées », tente Jean-Pierre Burnier. Mais rien, dans le dossier, ne confirme que les infirmières ont surveillé ce point précis ni relevé l’infection. « Ce n’est pas parce que ce n’est pas écrit que ce n’est pas fait, insiste Jean-Pierre Burnier. Il y a bien trace du passage matin, midi et soir des infirmières. »

« Le maintien de la voie veineuse est possible avec l’accord du médecin en charge du patient et, dans ce cas, le médecin devait établir une surveillance attentive avec l’équipe d’infirmières », rappelle l’avocat de la défense en citant l’expert mandaté par le tribunal. « Ici, à cette barre, c’est donc le corps médical que j’aurai aimé voir, insiste-t-il. Quand ce sont les médecins qui éventuellement se trompent, ils ne sont pas là. Ces gens qui sont assurés ne rendent aucun compte. »

Délibéré le 28 mars

« Le cumul des erreurs de diagnostic, de traitement et de fautes dans l’organisation a causé le décès, résume le procureur. Il est clair que le directeur n’est pas responsable de l’ensemble des dysfonctionnements, mais il s’agit bien de fautes liées à l’organisation », pointant les « carences dans le diagnostic » mais aussi « dans le suivi des soins » avant de requérir 50000 € d’amende. Le délibéré sera rendu le 28 mars.
http://www.leparisien.fr/cergy-95800/l-hopital-de-gonesse-juge-apres-la-mort-d-une-patiente-26-01-2012-1829957.php

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